all these open windows, but no fresh air — not yet corpses. still we rot  — nothing ever lasts forever — love will tear us apart — and in the middle of my chaos there was you — not yet sad, but not happy — what if — lost in memories — living a lie — here but wishing I was not — gradually becomes a disaster — stay soft.

aug 1985 naissance miracle. on avait cesser de l'attendre le petit. entre les fausses couches, et la peur de la stérilité. à tenter la chance jusqu'à menacer de se briser. petit rayon de soleil arrive à point, réchauffe les coeurs épuisés de ses parents. innocent bambin, insouciant de cette ombre qui plane déjà. son existence nécessaire, besoin de laisser une trace derrière, de garder le nom, l'héritage vivant même après la mort. le printemps ne pouvait pas s'éteindre, pas encore, ne le pourra jamais — tant qu'ils vivront.

jan 1991 ram entre à l'école. garçon solaire, sourire charmant déjà. ram il est la prunelle de sa mère, l'honneur de son père. intelligent, talentueux, poli, sage. il est le rêve de tous les parents. mais sa scolarité met rapidement la lumière sur une défaut de taille ; une faille insurmontable aux yeux du patriarche : ram manque d'ambition, n'existe pas dans aucune fibre de son âme l'essence de la compétition.  

nov 1995 état de panique, la peur au ventre. il faut faire un nouvel enfant, assurer ses arrières si le premier né ne peut être redresser. mais la chance leur a déjà été donné, et il ne reste plus rien ; le père est stérile et avoir un autre enfant devient un rêve brisé. la pression est multipliée, ram forcé de suivre de nombreux cours de tous genres, entre en compétition avec ses cousins et cousines — eux, nombreux, attise la fureur parentale d'un brasier d'envie.

sept 2003 les années passent, et il ne change pas, jamais réellement ; tente de son mieux pour rendre ses parents fiers, constamment. ram souffre en silence, affiche sur les traits le portrait de ce fils qu'ils voudraient tant, tue celui qu'il est réellement pour voir la fierté briller dans leurs regards. quand l'occasion se présente, le fils illusion n'hésite pas à s'enfuir ; s'envole pour l'europe, intègre la prestigieuse University of Oxford.

c'est un vent d'air frais dans ses poumons, de pouvoir être, simplement. loin de la présence autoritaire de ses parents, et des exigences de sa famille. il se découvre quand les autres explorent les limites. goute aux premiers amours, aux premiers sentiments. tombe follement amoureux. d'abord de la musique, puis d'elle. elle a le goût de la liberté et d'un été éternel. elle a l'odeur du bonheur, et ses sourires arrivent à réanimer celui qu'il avait cru avoir immoler.

june 2007 termine ses études en journalisme avec mention excellent, faisant la joie de ses parents. on lui demande de revenir, qu'il leur manque, que c'est si vide sans lui à leur côté. il sait, ram, au plus profond de lui. revenir, c'est dire adieu à sa liberté, c'est retourner dans sa prison dorée, lui dire adieu à elle. alors il refuse, annonce avoir décrocher un stage pour The Times à Londres, que c'est une expérience qui pourra servir plus tard, qu'il veut rester, encore un peu, apprendre tout ce qu'il peut de l'expertise anglaise avant de revenir prendre sa place à leurs côtés...

feb 2009 le paradis illusion est brisé. le sablier s'est ligué contre lui, et son temps s'est envolé. il voulait la demander en mariage, sceller leur amour d'un dernier baiser... mais c'est la maladie qui s'impose. le patriarche est malade (( qu'ils disent )), il faut revenir avant que le dernier souffle ne soit expier (( qu'ils mentent )). alors il lui promet de revenir, de la retrouver.

janv 2010 un peu moins d'un an plus tard, c'est sur les lèvres d'une autre qu'il pose un baiser, c'est le nom d'une autre qu'il prononce avec les éternels I do. prisonnier d'un mensonge, prisonnier des ambitions de sa famille — il n'est qu'un pion dans ce jeu d'échec qu'ils jouent. et la vie reprend son cours, les années en angleterre comme un rêve éveillé. elle reste dans le coeur, revêt les traits d'une galatée restée marbre malgré les prières de pygmalion. mais la vie continue, et la femme à ses côtés tombe bientôt enceinte de jumeaux.

dec 2013 puis c'est une petite fille qui vient les rejoindre. ils changent tout, redonnent un peu de couleurs au portrait décoloré qu'était devenu sa vie. trouve la force de vivre un jour de plus dans chacun de leurs sourires, de leurs rires, et de leurs inspirations. il se voit en eux et forme la promesse silencieuse de les protéger au péril de sa vie ; ils n'auront pas à vivre comme lui, n'auront pas à souffrir comme lui...

may 2015 promotion, le voilà haussé au rang d'éditeur en chef. position dont il n'a jamais voulue, mais qui était tout naturellement la sienne. entre ses doigts, le journal de la cité royale, celui qu'on lisait, celui sur qui l'on comptait pour avoir les dernières nouvelles de la métropole. le pouvoir de l'opinion publique entre ses mains... et pourtant aucune envie de l'utiliser, d'en abuser.

la même année, naît le red lips. usine désaffactée où il érige ce qui reste de ses rêves. un endroit, libre de toutes prétentions, une scène où les artistes peuvent se présenter, inviter les passants et les rêveurs dans leurs univers. s'il n'y travaille pas réellement, il n'est pas rare d'y croiser ram. derrière le bar, ou y étant installé avec un verre ; à profiter des harmonies, bercés par les rêves des autres à défaut d'avoir pu réalisé les siens.

sept 2021 les jours s'enchainent et se ressemblent. la routine s'est installée, et avec elle, un bonheur fade. il n'est pas malheureux, pas quand il a une partenaire formidable (( bien que différente, parfois trop )), pas quand il a des enfants adorables, et une vie que plusieurs s'arracheraient. il n'est pas malheureux, mais il n'est pas heureux non plus...