movie scene
feat. @teji rio

la soirée promet d'être longue ; elle le sait à peine a-t-elle posé un pied dans l'ascenseur, masque pour cacher une partie de son visage et regard fixe vers la porte qui se ferme lentement, mais sûrement. c'est la soirée la plus animée de la semaine ; la nuit où la majeure partie des étudiants sortent, et boivent, beaucoup trop, finissent dans des états lamentables, et terminent leur nuit dans un lit d'hôpital. pour certains blessés, pour d'autres simplement trop bourrés pour rentrer. et hana, ça la fatigue d'avance. de devoir sentir l'odeur âcre de l'alcool quand ils se présenteront devant son guichet, de devoir calmer les esprits qui s'échaufferaient, de supporter les bruits ambiants, de tenter, vainement, d'apprendre ses cours. elle sait, sans que ça ai réellement commencé, que tout sera plus fatigant ce soir. et peut-être est-ce parce qu'elle a surprit une conversation entre ses parents, avant de venir. peut-être que ça a à voir avec le fait qu'ils ne sont pas satisfaits d'elle, ou de ses notes. elle a tout fait pour être majeure de promo, à nouveau, cette année ; mais elle ne pense pas y arriver. il faut qu'elle se reprenne, qu'elle se concentre, qu'elle travaille plus, plus dur, plus longtemps. il y a la pression qu'elle se met sur les épaules -- mais celle qu'eux lui mettent est pire encore.

soupir agacé quand la porte de l'ascenseur s'ouvre alors qu'elle n'a pas encore bougé ; apparemment c'est trop demandé que de pouvoir profiter de la montée seule. elle est bien vite rejointe par un garçon, à peu près son âge, et qui lui semble familier au premier abord -- mais hana s'y désintéresse tout aussi vite, parce qu'elle est fatiguée, et qu'elle voudrait juste commencer à bosser, histoire de pouvoir finir sa nuit au plus vite, et de tenter de dormir quelques heures avant de reprendre une journée, qui sera certainement tout aussi longue que celle-ci. nouveau soupir quand la machine se met enfin en route, et elle attends, tranquillement, que les étages passent, qu'elle puisse rejoindre son bureau ; jette un coup d'oeil au garçon à ses côtés, brièvement, comme pour patienter. elle est surprise de la familiarité de ses traits, de la ressemblance avec quelqu'un de son enfance. mais elle est incapable de mettre un nom dessus, n'arrive pas à retrouver où elle a pu le rencontrer. probablement un habitué de l'hôpital qu'elle a eu à enregistrer...

l'ascenseur se stoppe brusquement, pourtant les portes ne s'ouvrent pas ; troisième étage. il y a un instant de silence étrange, avant que la jeune fille s'approche des boutons de l'ascenseur, appuyant sur celui de l'appel. « hello ? il y a quelqu'un ? l'ascenseur est bloqué au troisième étage. »

movie scene
feat. @rhee hana

la fumée qui se dégage de la cigarette que je tire, s’envole avec élégance dans l’air frais de ce début de soirée. adossé à la façade de l’hôpital, perdu dans mes pensées, je contemple les nuages qui n’ont jamais finit leur course depuis ce matin. le vent les emmène loin, il leur fait faire le tour de ce monde. et s’il y a bien une chose qui me berce, c’est le ciel et ses compagnons à l’apparence de cotons. un nouveau souffle de fumée qui rejoint son prédécesseur. puis, la fin. d’un air blasé, je jette ma cigarette dans le cendrier, non loin de ma position. je me retourne et me recoiffe vivement d’un geste de la main avant d’entrer à l’intérieur de l’établissement médical. masque sur le bas du visage et remonté jusqu’à mon nez, je déambule calmement dans le hall et salue les professionnels du métier que je connais déjà. aucun mot ne sort de ma bouche, simplement un signe de tête qui signifie que mon attention s’est pendant quelques millisecondes posée sur eux. je sais pertinemment que j’ai cette apparence hautaine, que j’ai l’air distant ou intimidant, parce que je ne veux pas forcément sociabiliser. mais je suis connu pour être ainsi et je suis loin de vouloir changer pour les autres. c’est soit tu m’acceptes, soit tu dégages. réfléchissant à certains dossiers assez secrets que j’étais venu chercher ici, j’appuie sur le bouton de l’ascenseur et je me montre patient, attendant tranquillement que les portes s’ouvrent. ce qu’elles firent, moins de dix secondes plus tard. instinctivement, mes yeux noirs de jais se posent sur la silhouette féminine qui se tient déjà à l’intérieur de l’endroit étriqué. j’hésite entre la saluer de manière polie ou ne rien dire. mon hésitation prit de l’avance sur le timing et je suis resté silencieux, me postant bien au fond de l’ascenseur, non loin de la jeune femme. en passant, j’ai senti comme un air familier entre nous, dans son regard mais je pense l’avoir imaginé alors je préfère balayer rapidement cette idée. la machine se remet en route et monte d’étages en étages. mains dans les poches, je ferme les paupières et laisse reposer mon dos contre une des parois de l’ascenseur. au moment où je daigne ouvrir les yeux pour jeter un coup d’œil curieux à la jeune femme, je remarque son regard non loin de ma direction. a-t-elle eu, juste à l’instant, la même idée que moi ? et mes pensées deviennent de plus en plus interrogatrices lorsque je me rends compte que mon sentiment de familiarité avec elle n’est pas parti. j’ai cette forte impression de l’avoir déjà rencontré mais j’ai beau chercher au plus profond de ma mémoire… rien ne me vient.

quand l’ascenseur décide de s’arrêter soudainement, j’ouvre de nouveau les yeux. un instant, un silence qui semble durer de longues minutes alors qu’en réalité, il n’en est strictement rien. du regard, je suis la jeune femme qui s’approche des boutons de l’ascenseur et qui semble-t-il, demande de l’aide. ces machines ne marchent jamais, c’en est presque désespérant. si j’avais su, j’aurais emprunté les escaliers. la voix de l’inconnue accentue mon sentiment de déjà-vu. je ne comprends pas, elle est une énigme à elle toute seule, une énigme que pour l’instant je n’arrive pas à résoudre. personne ne lui répond de l’autre côté, comme si nous étions seuls dans notre ennui. en silence, je m’avance et me pose à ses côtés, une de mes mains toujours rangée dans la poche de mon manteau aussi sombre que mes yeux. mon doigt vient appuyer à côté du sien et mon regard se tourne vers elle lorsque mes lèvres prononcent, « hey. on va pas rester plantés là. est-ce que quelqu’un nous entend ? » ai-je lancé d’une voix grave, légèrement abîmée par la cigarette. je ne quitte pas la jeune femme du regard. elle m’intrigue. où ai-je déjà fait sa connaissance ? mon doigt quitte le bouton d’appel pour venir se loger dans mes cheveux bruns. je laisse le silence nous entourer, attendant vainement une réponse à nos appels. « j’espère que tu n’es pas claustrophobe. on dirait bien qu’on va devoir rester un moment ici… » je détourne le regard et observe l’ascenseur. rien d’anormal à première vue. mais ça n’est pas très rassurant pour autant. je ne sais pas si j’aurais le temps d’aller chercher ces fichus dossiers.