I put a spell on you

And I drive myself crazy, thinking everything's about me. Yeah, I drive myself crazy 'cause I can't escape the gravity. I'm holding on, why is everything so heavy ? Holding on to so much more than I can carry Un rictus s’affiche doucement à tes lèvres, mais plus la commissure de tes lippes s’étirent, plus tu sens ton myocarde se serrer. Tu t’accroches faiblement au bras de ton paternel et salues gracieusement tous ces visages qui te paraissent si flous. Jamais tu n’as été aussi fidèle au dicton « les apparences sont bien trompeuses » que lorsque tu dois t’afficher dans ces événements officiels que tu détestes tant. Tu brilles de mille éclats dans cette robe élégante, la perfection incarnée, mais intérieurement, tu brûles ardemment et te consommes à petit feu. Tu as l’impression de vivre la vie d’une autre personne, coincée entre l’envie d’atteindre ce modèle sans défaut pour être au sommet - modèle incrusté dans ta tête depuis ton enfance par tes parents dont tu as fait une pseudo-obsession - et d’être celle que tu es vraiment, libre de tout engagement unilatéral, vivant chaque jour pleinement et avec passion. L’émancipation. L’affranchissement. La délivrance. L’indépendance. L’autonomie. Le libre-arbitre. Tous ces jolis mots qui sonnent telle une douce mélodie à tes oreilles. Mais les années passent et tu l’entends de moins en moins, comme si les notes s’éloignaient. Tu veux leur courir après, t’accrocher à elles et tout abandonner pour ne suivre qu’elles. Au lieu de ça, tu poses gracieusement alors que l’étreinte de ton paternel se ressert davantage pour te ramener à cette dure réalité qu’est la tienne et tu rehausses tes joues rosies pour écarter toute fausseté apparente de ce sourire usant ton visage.

Tu es belle, Nara. Mais sans nier la beauté de tes traits fins si féminins, tu es surtout brillante, ce qui n’étonne personne puisque tu étais destinée à l’être. Cette soif d’apprentissage qui n’a jamais été assouvie puisque tu as passé plus de temps à emmagasiner tout ce qu’on t’imposait plus qu’à découvrir avec enthousiasme et envie. Ton existence morne commence à te peser et ton quotidien sans couleurs te pousse dans une lutte sans fin avec toi-même. Tu ne veux pas continuer ainsi, ce n’est pas pour toi. Tu l’as su tardivement, trop tardivement même. Mais maintenant tu le sais. Toi, ce que tu veux, c’est sentir le vent dans tes cheveux sans craindre que la nuit ne tombe. Tu veux permettre au soleil de réchauffer tes joues infiniment et sans conditions. Tu veux que l’on crie ton nom de loin d’un air enfantin et non que l’on te nomme « princesse » à longueur de temps. Tu veux aimer passionnément, follement, entièrement, comme ces histoires d’amour que tu envies dans ces livres. Tu veux rire à pleine dent et bruyamment, tu veux que ton cœur frappe ta poitrine à toute allure, tu veux avoir le souffle coupé, tu veux vivre, tout simplement. Tu l’as voulu d’autant plus lorsque tes prunelles ont croisé les siennes. Ton myocarde loupe un battement et tes joues révèlent un océan de couleurs dans les tons rosés. Si la première chose que tu veux par-dessus tout, c’est ta liberté, la deuxième, c’est lui.

I know you haven't made your mind up yet but I would never do you wrong. I've known it from the moment that we met no doubt in my mind where you belong. I'd go hungry, I'd go black and blue, I'd go crawling down the avenue. No, there's nothing that I wouldn't do to make you feel my love Il te fait vivre des choses que tu n’as jamais vécues jusqu’alors. Il te fait ressentir des choses que personne ne pourra jamais te faire ressentir. Il manque une énorme part de toi, et pourtant avec lui, tu as l’impression d’être entière. Ce manque de liberté qui creuse un trou béant dans ta poitrine disparaît à mesure que sa présence se fait plus régulière. Un petit secret rien qu’à vous, cette relation exaltée apaise ta douleur d’autant et tu te laisses aller à lui sans hésitation. Tu te découvres même un goût pour le risque et le danger alors que tu traverses les couloirs dans la pénombre après avoir échappé à toute surveillance pour rejoindre ton bien-aimé. Il te pousse à être toi-même, bien loin de ce titre et de ce que tu représentes. Un amour pur que rien ne peut entacher. Des plans plein la tête, tu acceptes finalement de t’envoler pour les États-Unis pour poursuivre tes études de droit alors que l’idée t’effrayait auparavant. Mais c’est une toute nouvelle vision des choses que tu as. Tu veux partir, loin de la royauté, loin de ton titre, loin de ton histoire. Tu seras enfin libre, de tes mouvements, de tes pensées, de ta manière d’être, mais surtout… de ton amour. Si tu t’en vas, non seulement, tu quittes cette pression qui te pèse sur les épaules depuis presque toujours, mais en plus, tu ne caches plus cet amour qui brûle en toi. C’est sans regarder derrière toi que tu prends un vol pour la Harvard Law School en passant sûrement les plus belles années de ton existence. Tu prends goût à la vie, à tes études, à ton statut de jeune étudiante et de petite amie comblée. Tu es épanouie comme tu ne l’as jamais été et ce bonheur est décuplé lorsque tu découvres que ton amour est sur le point de donner la vie.

the end of everything that stands, the end. No safety or surprise, the end. I'll never look into your eyes again. Can you picture what will be, so limitless and free. Desperately in need of some stranger's hand in a desperate land Que tu es naïve, Nara. Ce petit-pois dans ton ventre te fait rêver. Les projets s’enchaînent dans ta tête, faisant écho à ceux de ton bien-aimé. Tu es sur ce petit nuage, tu es le personnage principal de ton propre roman à l’eau de rose. Plus tu voles haut, plus la chute est fracassante, right ? Tu te penses libre, mais tes chaînes sont toujours là, juste invisibles, mais tu ne le sauras que trop tard. Ton diplôme obtenu haut la main, ta date de retour au pays s’approche à grands pas. Tu ne veux pas. Tu ne peux pas. Tout ce qui te rend heureuse se trouve dans le creux de tes bras et tu sais que partir d’ici signifie également perdre tout cela. Tu refuses, c’est impossible. Tu ne veux pas abandonner ta nouvelle famille naissante, tout comme tu ne peux pas l’imposer à celle dont tu es liée par le sang. Ton esprit s’embrume et tu te retrouves à nouveau dans cette lutte incessante contre toi-même. Tu dois trouver une solution et vite, mais aucune ne semble te satisfaire. Et puis, arrive le jour J, celui où tu quittes ton appartement avec tes bagages. Tu t’enfonces dans un taxi discrètement et tu demandes à te rendre à l’aéroport, une main posée secrètement sur ton ventre et un sourire pendant à tes lèvres brillantes. Tu as pris ta décision la veille au soir avant de remplir tes valises à la hâte. Arrivée à destination, tes yeux fixent l’écran des départs et s’arrêtent sur celui qui doit t’amener normalement vers ton pays d’origine, « Gate A ». Un nouveau sourire et tu fais rouler ta valise sur le sol avant de raccrocher de ton appel en cours, d’éteindre ton téléphone et de traverser le « Gate D », confiante.

Choix que tu regrettes. Que tu regretteras toute ta vie, d’ailleurs. Tu te pensais au-dessus de tout, capable de désobéir et d’affronter férocement tes ascendants pour ton bonheur, celui de ton amour et surtout, de ton enfant. Tu es dans ta bulle quelques jours, comme si tout était terminé, comme si tu n’étais plus une princesse, mais une simple citoyenne. Cette personne lambda qui vit tranquillement sa vie et construit sa famille. Ton cœur gonfle un peu plus chaque jour tellement l’amour ne cesse de s’accroître. Tu es heureuse, Nara. Heureuse à t’en arracher le myocarde. Heureuse au point d’avoir tout abandonné derrière toi. Lâchement, certes, mais ne le méritais-tu pas ? N’était-ce pas ton tour de rire aux éclats, d’aimer et d’être aimée si ardemment ? Tu regrettes. Encore. Toujours. Ce cœur, battant à tout rompre, s’est finalement écrasé. Il n’en reste plus rien. Que des miettes. Tu veux pleurer, mais il ne reste plus de larmes dans ce corps devenu frêle. Une fois encore, la réalité t’a frappé de plein fouet. Violemment. Trop violemment. Que tu es sotte, Nara. Penser que tu peux disparaître dans la nature sans que l’on ne retrouve ta trace. Tu te rends à l’hôpital pour prendre ton premier rendez-vous avec une sage-femme, impatiente de retrouver ton amour juste après et c’est là que tu croises son regard, celui qui te glace le sang instantanément. Ton père.

Stone cold, stone cold. You see me standing, but I'm dying on the floor. Stone cold, stone cold. Maybe if I don't cry, I won't feel anymore « J’ai changé d’avis. C’est fini. Ne me contacte pas, je ne veux plus jamais te revoir ». Tes doigts tapent machinalement ces mots qui lui sont envoyés juste avant que tu ne prennes l’avion vers la Corée. Aucune émotion ne se lit sur ton visage. Tu es brisée. Meurtrie. Il ne te laisse pas le choix, tu mets un terme à toute cette mascarade comme il le dit si bien, ou il s’en occupe. Tu sais ce que cela signifie, tu n’hésites pas plus longtemps avant de prendre cette responsabilité. Tu ne peux plus rien lui cacher, il sait tout, depuis le début. Ton amour ne lui plaît pas, pas plus que l’idée de devenir grand-père de cette manière. Il te menace et te donne les cartes en main. Tu ne te souviens plus vraiment de cette conversation tellement elle était violente. Tes frères et sœurs, tes responsabilités, sa réputation, son ambition de devenir roi, ton péché, ton amour en danger, tout porte à croire que la seule manière de sauver tout le monde, c’est de te sacrifier toi-même. Toi-même et… ton enfant. Il était hors de question pour ton père que cet enfant voit la lumière du jour, pas si tu veux que tout le monde sorte indemne de cette histoire. Tu refuses. Tu t’indignes. Tu hurles. Tu le supplies. Puis, tu te rends compte que même si tu cries à en perdre la voix, rien ne le fera changer d’avis. Ses ambitions avant ton bonheur. Sa couronne et sa réputation intacte jusqu’alors avant cette petite vie. Tu ne sais plus vraiment ce qu’il s’est passé après, tout s’est enchaîné. Tu n’as plus jamais entendu parler de ton amour malgré tes tentatives vaines de le retrouver, tu n’as plus jamais versé une seule larme et tu n’as plus jamais posé ta main sur ton ventre à présent… vide. Tu es enfermé à nouveau dans cette lutte où tu joues le rôle de la fille parfaite, au sourire et aux manières si parfaits. Personne n’est au courant de ta douleur, de tes pertes, de ton combat pour ne pas sombrer, à qui pourrais-tu te confier après tout ? Tu préfères être la princesse qui a lâchement fui les siens et ses responsabilités pour un dessein égoïste aux yeux de tous. Tu ne veux pas que la vérité se sache, déjà parce que ton père ne te pardonnerait pas une seconde fois, mais aussi parce que la personne que tu rends le plus responsable, c’est toi-même. Tu as abandonné ton amour. Tu as abandonné ton enfant. Tu t’es abandonnée toi-même.