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feat.  @Yeo Junseo

Jun et moi, c’est une histoire très compliquée que je pensais derrière moi jusqu’à ce que je tombe nez à nez sur lui au Luna. Jun est mon ex mais c’est aussi le premier gars que j’ai connu pour ne pas dire mon premier amour. Je l’ai vraiment aimé, du moins durant les premières années de notre relation mais clairement sur la fin, il devenait juste insupportable. Je ne sais pas ce qui était le pire, ses manières de noble plein de fric ou son côté victime égocentrique parce que vous comprenez, il est malade et le monde entier doit tourner autour de sa petite personne. Il fallait sans cesse que je m’occupe de lui et comme il m’apporter un confort financier, je n’avais pas le droit de faire valoir mes émotions, mes malheurs et mon existence autrement qu’à travers lui. Je suis peut-être injuste mais c’est en tout cas ma vision des choses.

Je devais rejoindre des amis. On ne s’était pas vraiment donné rendez-vous. On s’était juste dit que si l’envie était là, on se retrouver autour d’un verre au Luna. Au début je ne pensais pas y aller. Après les cours, j’ai un boulot d’assistant dans un cabinet d’avocat et j’ai eu pas mal de travail. J’ai d’ailleurs fini plus tard que d’habitude mais puisque la fatigue n’était pas vraiment au rendez-vous et le sommeil non plus, j’ai fini par prendre une douche avant de me pointer dans ce club où je pensais mettre le grappin sur un joli garçon mais tout ce que j’ai trouvé c’est lui, Jun.

C’est en me glissant dans la foule que je l’ai heurté. A moins que ça ne soit lui qui me soit rentré délibérément dedans avec son verre qui s’est renversé à moitié sur nous. L’humidité et le froid m’ont fait frissonner avant que je ne réalise qui j’avais en face de moi.
« Putain mais c’est une blague ? Tu l’as fait exprès ? »
Je grogne ces quelques mots alors que ma chemise désormais humide me colle légèrement au niveau du torse. Heureusement qu’elle est noire et qu’elle n’a pas l’air réellement tâchée.

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feat.  @Choi Dae Yeol

Ce soir-là, Jun avait longtemps hésité avant d'aller dans ce club. Encore tout récemment il s’y rendait plutôt régulièrement, assez même pour connaître certains des employés, et parfois il y accompagnait Sanha pour passer du temps avec lui mais aussi surveiller que personne n’ait l’audace d’être irrespectueux à son égard. Mais depuis un certain événement il avait cessé d’y aller. Parce que c’est au Luna précisément qu’il a fait la rencontre de Sunwoo. C’est ici qu’ils se sont embrassés pour la première fois avant qu’il ne le ramène chez lui. Et avant que ce foutu prince ne découvre son secret et ne vende son silence à prix d’or. Depuis ce jour, Junseo doit obéir à toutes ses demandes et caprices dans l’espoir qu’il ne parle à personne des problèmes de santé qui pourraient nuire à l’image de sa famille. Et c’est dur, si compliqué même. Contraint de ravaler sa fierté, son honneur, ses principes. Contraint de serrer les dents pendant que celles du Khan s’enfoncent dans sa gorge. Il le dégoûte, et il se dégoûte lui-même, aussi. Et c’est à cause de ça qu’il n’a plus remis les pieds dans ce club indirectement responsable de sa situation actuelle. Et puis la peur de l’y croiser, aussi. Mais aujourd’hui il se fait violence, s’efforce de s’y rendre pour ne pas laisser cette histoire le traumatiser au point de faire un blocage sur tous les lieux qui la lui rappellent.


Et ah, peut-être aurait-il été préférable de se retrouver face à ce prince, plutôt qu’à l’homme qu’il vient de percuter. Il venait à peine d’arriver Jun, avait seulement eu le temps d’atteindre le comptoir pour se commander un verre, rejeter les avances d’un inconnu sur le trajet avant cette collision. Il venait pour oublier un mauvais souvenir. Pour oublier une mauvaise personne. Voilà qu’il se retrouve face à pire. Mais il ne s’en rend pas compte immédiatement, s’excuse même après l’avoir percuté avant de poser son regard sur lui, et la voix qui s’élève le crispe instantanément. Parce qu’il ne l’a que trop entendue ainsi agacée, crachant des reproches par milliers, cette voix. Il en connaît le timbre par cœur, surtout lorsque la colère l’englobe. Regard effrayé le temps d’une seconde qui détaille son visage. Celui de son ex petit ami. Celui qu’il déteste aujourd’hui. « Comme si j’avais que ça à foutre de faire exprès ! » Et au final qu’importe, ce connard peut bien penser ce qu’il veut, Jun s’en fiche, tout ce qu’il veut c’est s’en aller très loin de lui. Il n’est pas en état de l’affronter. Pas aujourd’hui, pas ici. « Pas ma faute si t’as pas l’argent pour te racheter une chemise. » C’est grogné doucement, comme s’il ne voulait pas que Daeyeol l’entende. « Bref, j’me casse. » Et il tourne les talons, puis s’éloigne.

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De toutes les personnes sur qui je pouvais tomber ce soir, il a fallu que ce soir sur Jun. Ce gars n’est pas n’importe qui. Il n’est pas juste un sale gosse de riche, égocentrique et puérile qui aime jouer les victimes. Il est aussi mon ex et à mon grand désespoir mon premier amour. Car oui, j’ai été assez con un jour pour tomber amoureux de lui mais c’est de l’histoire ancienne. Entre nous, il n’y a plus rien si ce n’est un dégout et une haine réciproque. Il n’y a qu’à voir notre façon de nous parler ou de nous regarder pour en être convaincu.

Un rire nerveux s’échappe de mes lèvres lorsqu’il met sur le tapis mon niveau de vie et inutile de préciser que la réponse ne se fait pas attendre :
« C’est bien une réplique condescendante d’un gars bourré de fric. Vous les nobles pleins d’argent, toujours à mépriser le petit peuple. Quand je te servais de sex-toy et de faire-valoir, ça te dérangeait moins que je sois pauvre mais vous êtes comme ça. A profiter de la misère des autres. »
Un rire plus méchant et méprisant s’échappe de mes lèvres. Au plus profond de moi, je sais que Jun n’est pas tout à fait comme je le prétends mais il s’est passé bien trop de chose entre nous et il est plus facile pour moi de lui faire porter le chapeau pour le naufrage de notre couple, même si c’est injuste. Malheureusement la vie est ainsi, cruelle et injuste. Je crois que j’en ai déjà chèrement payé le prix.
« Mais je t’en prie, casse-toi. C’est tout ce que tu sais faire. Fuir sans jamais assumer tes erreurs parce que tu as du sang noble et du fric plein les poches alors tu peux te permettre de piétiner les autres sans le moindre scrupule. »

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feat.  @Choi Dae Yeol

Junseo l’a aimé, il l’a tellement aimé. De tout son cœur, sans conditions ni limites. Peut-être même qu’il l’a un peu trop aimé. Assez pour tolérer les mauvais traitements, encaisser les insultes, les reproches quasi constantes pendant les derniers mois de leur relation. Culpabilité qui le rongeait, le poussait à offrir à Daeyeol tout ce qu’il voulait qu’importe le prix. Larmes qui trempaient son oreiller chaque nuit, lorsque son petit ami dormait. Jun qui pensait être au plus bas à cette époque, avait grandement sous-estimé ce qui allait arriver ensuite. La tromperie, les mots froids. L’amour remplacé par la douleur, par la haine. Une seule chose est restée intacte : le pouvoir du plus grand sur lui. Capacité inaltérée à le manipuler et contrôler sans le moindre effort. Et aujourd’hui encore les mots font mal, véritable poison qui brûle ses oreilles et comprime son coeur.

« C’est tout ce que je sais faire ? » rire nerveux, jun qui se retourne pour lui faire face. Pour l’affronter. « De nous deux c’est pas moi qui avait un problème avec notre différence de rang. Toi ça te dérangeait pas que je sois un gars bourré de fric quand je te servais de vide couilles et de banque à ce que je sache ! Et puis, » colère qui gronde, poings serrés « c’est TOI qui m’a piétiné sans scrupule, Dae ! C’est TOI qui m’a trompé dans MON lit, c’est toi qui a profité de tout ce que je t’offrais, qui me rabaissais constamment, qui me reprochait ma putain de mal-… qui me reprochait quelque chose que je contrôle pas ! » Maladie qu’il n’a pas le droit d’évoquer, surtout pas ici, en public. « C’est toi la pourriture Daeyeol. » larmes de rage, de douleur aussi qui font briller ses yeux. « C’est toi qui m’a détruit ! Et t’as pas le droit de te placer en victime. Pas quand j’aurais tout donné pour toi, et que toi t’as même pas été capable de me respecter. »

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Il a raison. De nous deux, c’est moi qui vivais très mal la différence de classe. Au début être avec lui m’apportait une certaine sécurité financière et puis petit à petit les bons côtés ont finis par s’estomper au point que je ne pouvais plus supporter les privilèges que son argent lui octroyait. Bien sûr, je pouvais aussi en profiter mais sur la fin je ne supporter plus cette situation. Tout chez lui m’insupportait à commencer pour son fric.
« Tu parles de respect ? Alors que la seule chose que tu cherchais c’est te faire baiser. Et c’est moi qui me servais de toi comme vide couille ? Combien de fois t’as eu l’occasion de me baiser mais t’as jamais voulu de moi comme ça. Non, tu es le genre de mec à préférer te faire tringler et moi, j’étais juste là pour assouvir ton besoin de soumission. Moi ou un autre, qu’est-ce que ça peut bien changer tant que tu t’en prends une dans le cul. »
Un rire méprisant s’échappe de mes lèvres avant que je ne poursuive :
« Mais j’y pense, pauvre petit Jun a qui on ne peut jamais rien dire sinon il risque de faire un malaise. J’espère que tu t’es trouvé un autre larbin pour s’occuper de toi quand tu fais tes crises. J’imagine que ça ne doit pas être difficile à trouver quand on a autant de fric que toi. Un mec qui laissera ses propres problèmes de côté pour juste te consacrer son temps et sa vie. Comment on appelle ça ? Un larbin ? Un esclave ? Quand je pense que j’étais en train de gâcher ma vie, j’ai bien faire de dire stop aux privilèges de la noblesse et de me casser. »
Il y a du monde autour de nous mais personne ne peut entendre notre conversation du moins je le suppose à cause du bruit et puis les gens sont plutôt occupés à danser. D’ailleurs c’est presque naturellement que la marée humaine nous pousse vers le bord de la piste de danse. D’ailleurs je devrais en profiter pour m’en aller mais je n’ai pas terminé de cracher mon venin sur Jun.

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Évidemment que la conversation est stérile. Leurs discussions l’ont toujours été, après tout. Sans doute parce que Daeyeol n’écoutait que sa propre personne et l’écrasait assez pour qu’il ne puisse même pas lui répondre. Paroles imposées d’un côté, et Junseo contraint de se taire, d’accepter même les mots les plus cruels. Ça ne pouvait pas être différent aujourd’hui. Pas alors qu’il a toujours l’ascendant psychologique sur lui, pas alors qu’il crache toujours le même venin. Et le plus petit ne peut que subir cette méchanceté, cette froideur. Il peine cependant à la comprendre. Comment ont-ils pu en arriver là, alors que leur relation a commencé par de l’amour ? Sans doute parce que ce même amour était unilatéral. Oui, le fond du problème a toujours résidé dans cette réalité. Et ça ne cesse de se faire ressentir, ça sonne comme une évidence dans les paroles acerbes de son ex. Des reproches. Encore et toujours, par milliers, crachés sur un ton réprobateur. Pas un assez bon petit ami, pas un assez bon partenaire sexuel. Jamais assez, jamais suffisant. Accusations constantes qui ont depuis bien longtemps eu raison de sa confiance en lui-même.

Et Junseo reste d’abord figé, glacé par la cruauté des mots. Coeur qui se brise une énième fois par sa faute, gorge qui se serre, paupières qui s’inondent. Daeyeol semble bien plus effrayant que tous les monstres dans les contes qu’on lui lisait lorsqu’il n’était qu’un enfant. Et il craque. Le repousse avec force, laisse les larmes couler, se moque bien du regard des autres. « Je t’aimais ! » La vérité la plus évidente, la plus triste. « Je t’ai aimé de tout mon coeur ! Mais ça t’a pas suffi, hein ? Ça te suffisait jamais. J’aurais tout donné pour toi, tout fait pour toi, mais c’était jamais assez. Tu me noyais sous les reproches et les insultes et moi je te répondais que je t’aimais. J’allais au delà des limites de mon corps pour toi, t’avais un accès quasi illimité à mon compte. Et t’as tout pris, Daeyeol. Mon argent, mon amour, ma confiance en moi. T’as tout pris et t’as tout détruit. » Les vérités qui ne sont jamais sorties. Qui s’échappent d’elles-mêmes aujourd’hui. « Est-ce que tu m’as même aimé, ne serait-ce qu’un seul jour ? »

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feat.  @Yeo Junseo

Il m’aimait ? Réellement ? J’ai du mal à réprimer un rire. Ce dernier est amer et cruel mais il est à l’image de ce que je ressens désormais pour Junseo. Je n’éprouve que de la colère et du mépris pour lui et le voir se complaire dans son rôle de victime me donne tout simplement la nausée.
« T’es sérieux Jun ? T’en a pas marre de jouer la victime du mélodrame qu’est ta vie ? Franchement tu devrais t’écouter parler et te remettre un peu en question au lieu de toujours rejeter la faute sur les autres. »
A cet instant, je n’éprouve plus aucune compassion pour lui. Il a épuisé tout ce que je pouvais ressentir de bien pour lui les derniers temps de notre relation et je n’en peux juste plus de sa façon d’être. Pourtant je crois qu’au début, c’était ce qui m’avait séduit chez lui. Jun était sensible, gentil, il avait besoin d’attention et qu’on le protège. Quel piège à con ! Finalement il m’aurait épuisé dans tous les sens du terme.
« Je vais te donner un conseil en mémoire du bon vieux temps et aussi parce que je t’ai réellement aimé au début. Si tu trouves que les gens autour de toi sont toxiques, poses-toi des questions sur ton propre comportement. C’est peut-être toi le problème, pas eux. »
D’ailleurs quand on y pense, ma vie est beaucoup plus facile depuis que nous avons rompu. Alors bien sûr j’ai quelque fois des problèmes d’argent mais globalement je me sens beaucoup mieux. Je n’ai plus de parasite qui vient me pomper mon énergie et qui me fait culpabiliser pour un rien.
« Du coup je te retourne le compliment. Tu m’as pris le peu que je possédais et tu l’as détruit. »
Et je pense chacun de mes mots.