honest talk
@ri dohyun // fin septembre

La jambe de Yeji se soulève et descend rapidement, d’un geste nerveux, tandis que ses pensées fusent dans sa tête. Elle attend que Dohyun arrive dans sa chambre, elle sait qu’il ne va pas tarder parce que, non seulement c’est dans ses habitudes de venir la voir en fin d’après-midi, mais en plus elle lui a envoyé un message pour s’en assurer. De toute façon, quoi de plus normal que son garde qui vient la voir ? C’était inutile de lui envoyer ce message, mais elle ne peut plus tenir en place, elle a l’impression qu’elle va exploser à tout moment. Elle ne sait pas pourquoi elle s’est réveillée comme ça ce matin ; ça fait déjà des semaines qu’elle subit leur relation tendue, ambiguë, étrange, sans rien dire, en prenant sur elle, en attendant que le sujet soit abordé. Mais aujourd’hui, c’est le jour de trop ; elle sait qu’elle ne pourra pas attendre plus longtemps. Elle sait qu’elle doit crever l’abcès aujourd’hui, peu importe comment ça se termine, peu importe si elle finit en pleurs ou en rage, si leur relation est encore pire après la discussion qu’avant.

Elle a l’impression que son coeur tombe dans sa cage thoracique à l’instant même où la porte est porte est ouverte, et tout son courage s’envole quand elle croise le regard de Dohyun. Est-ce qu’elle est vraiment prête à prendre le risque ? « J’ai envie de partir du palais » Les mots sortent avant qu’elle ne réfléchisse plus longtemps, au risque de perdre le courage. « Je veux dire, en tant que Minseo » précise-t-elle ; mais la vérité, c’est qu’elle veut partir du palais pour discuter avec Dohyun, parce qu’elle a peur que, si leur discussion se passe dans le palais, il ne se permette pas d’être honnête avec lui-même ; que le palais lui rappelle trop son devoir plutôt que ses sentiments et que, par conséquent, Yeji perde ses chances.

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@ri dohyun // fin septembre

Depuis l’attentat, Dohyun avait l’impression d’avoir manqué à son devoir. Non, en fait, ce n’était pas qu’une impression : il avait manqué à son devoir. Il était tombé malade pile le jour d’un événement important, évidemment qu’il aurait dû savoir que quelque chose allait mal se passer, parce que les plus gros événements attiraient toujours le malheur avec eux. Et pendant que les habitants étaient tous en panique, lui était dans son lit, endormi, ne répondant pas aux appels de son téléphone. Il se sentait stupide, idiot, et surtout, il s’en voulait pour ne pas avoir réussi à protéger Yeji. Il ne pouvait même pas prendre soin d’elle, alors pourquoi est-ce que leurs familles avaient-elles décidé de les fiancer ? Ça mettait Dohyun dans une mauvaise posture, parce qu’il avait échoué à la protéger, parce qu’il l’aimait, mais que ce n’était qu’un amour à sens unique ; un amour destiné à ne pas fleurir. Il n’était pas celui qui était fait pour elle (s’en voulait encore de l’avoir embrassée, ce soir-là) alors la culpabilité le rongeant jusqu’aux os, il avait toujours soigneusement évité son regard. Aujourd’hui aussi, il l’évitera.

Il ouvrit la porte de la chambre de Yeji. Leurs regards se croisèrent, et Dohyun dévia automatiquement son regard vers la décoration de sa chambre. Mais voilà qu’il entendait quelque chose qui ne lui plaisait pas, qui le fit froncer des sourcils. Il ferma la porte derrière lui. « Non, » dit-il, le corps face à la porte, la main sur la poignée. « Non, tu ne peux pas. » Il se tourna vers elle, prit un pas vers elle, et s’arrêta à cette distance. Distance respectable entre un garde et sa protégée. « C’est trop dangereux. Tu dois rester ici. » Il se maintint droit, le menton levé bien trop haut pour la relation qu’ils avaient, normalement (mais plus rien n’était normal). « Est-ce que c’est pour cette seule raison que tu m’as appelé ? Pour que je te fasse sortir ? Alors mon refus est catégorique, et tu ne sortiras pas d’ici. Je suis prêt à rester ici pour m’assurer que tu ne tentes pas quoi que ce soit de dangereux. » Les mains dans son dos, le regard baissé sur Yeji (pour s'assurer qu'elle ne disparaîtrait pas).

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@ri dohyun // fin septembre

À l’instant où son garde rentre dans la chambre, Yeji s’est levée, pour l’accueillir, pour le regarde, pour l’approcher. Mais aussitôt, ses espoirs sont brisés. Rien qu’avec son regard, elle le sait. Le ton de sa voix lui confirme. La raideur de son corps, la position de sa tête. La distance qu’il garde entre eux. Dohyun et elle n’ont jamais été comme ça. Bien sûr, à une époque, ils ne se permettaient pas d’agir avec autant d’ambiguïté que maintenant – sans doute parce qu’à l’époque, Dohyun ne l’aimait pas. À une époque, ils avaient le comportement d’un grand-frère avec une petite sœur. Un grand-frère protecteur, qui joue le rôle d’un garde. Mais Yeji ne l’a jamais vraiment considéré comme un garde. Ça n’a jamais rien eu avoir avec ses compétences : elle sait bien qu’il a toujours été très doué dans sa position de garde. Mais ils se connaissent depuis qu’ils sont enfants, ils se sont vus grandir. Avant que leur relation ne change pour devenir aussi complexe qu’avant l’attentat, ils étaient quand même proches l’un de l’autre, complices. Il ne s’est jamais comporté comme ça.

Alors, la princesse ne vit pas ça comme un retour en arrière, mais comme l’impression d’avoir perdu quelque chose. Et ça, elle ne le supporte pas ; parce qu’elle est prête à tout perdre, Yeji, mais certainement pas lui. « Depuis quand il me faut une raison pour t’appeler, de toute façon ?! » s’exclame-t-elle, en reprenant ses termes. « Depuis quand est-ce que tu dois être prêt pour rester ici ?! » s’écrie-t-elle, dans un éclat de voix. Il n’y a pas que sa voix qui explose : c’est avant tout sa peur, et sa colère. « Regarde-moi, oppa. Ne te contente pas de baisser tes yeux sur moi. Regarde-moi en face ! » En disant ces mots, elle fait un pas vers lui, diminue la distance entre eux, fixe son regard. Elle n’est pas en colère parce qu’il lui a refusé sa sortie, mais est-ce qu’il est capable de comprendre ça ? Est-ce qu’il accepte de comprendre ça ?

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@khan yeji // fin septembre

Dohyun se maintint droit, comme il le ferait face à un supérieur de la garde. Il ne s’était jamais comporté d’une telle manière, avant : il s’était toujours senti le plus à l’aise en la présence de Yeji, le cœur le plus calme, apaisé. Maintenant, c’était différent. Parce qu’il avait échoué à son devoir, parce qu’il était tombé amoureux d’elle. Il devait maintenir un espace entre eux, se rappeler qu’il était son garde et elle la princesse ; qu’il était le fiancé qu’elle était obligée d’accepter, qu’elle n’avait pas à se forcer à l’aimer pour que le mariage se passe bien. Lentement, il releva le regard sur elle, le regard prudent, peureux. Comme toujours, Yeji explosait, et Dohyun s’y était attendu. Après tout, il ne la laissait pas sortir (mais ce n’était pas que pour ça qu’elle était en colère, Yeji). « Je suis ton garde, Yeji. Je dois simplement m’assurer que tu es en sécurité et que tu vas bien. Il n’y a pas d’autres raisons pour moi d’être ici. » Il allait terminer son discours ici, mais reprit immédiatement : « Ah, et peut-être sommes-nous fiancés, mais c’est le fruit d’un arrangement entre nos familles. Nous n’avons pas à nous comporter comme des amoureux transis sous l’ordre de nos familles. » Nous ne devons pas, même, parce que s’ils le faisaient, Dohyun risquait de craquer. C’était bien parce qu’il ne voulait pas briser leur relation qu’il se tenait aussi éloigné (comment Yeji réagirait-elle si elle apprenait que Dohyun avait vraiment des sentiments pour elle ?). Quitte à détruire leur relation, il préférait le faire en étant loin d’elle plutôt qu’en étant proche d’elle (plutôt la faire croire qu’il ne voulait plus passer de temps avec elle que d’avouer ses sentiments pour elle).

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@ri dohyun // fin septembre

Yeji est agitée, mais lui ne bouge pas, et au final leurs corps trahissent leurs pensées. Pendant que la jeune femme s’empresse de trouver quoi dire pour le faire réagir, il garde la même façon de penser, inflexible et distant. Il y a une chose que la princesse ne supporte pas, c’est la frustration. Capricieuse, c’est comme ça qu’elle est définie depuis qu’elle est enfant, et elle n’a jamais pensé que c’était problématique. Parce qu’elle a beau détester la frustration, elle y est constamment confrontée, dans le cadre strict dans lequel elle a été éduquée. N’importe qui détesterait l’interdiction à force d’y faire face. « Tu n’es ni mon garde, ni mon fiancée » s’exclame-t-elle, ferme, en le fusillant du regard. Elle pointe son doigt vers lui, accusateur, mais elle ne le lâche pas du regard. « Tu n’es qu’un imbécile, le pire que j’ai jamais connu ! » crache-t-elle en s’approchant encore davantage, jusqu’à ce que le bout de son doigt touche son torse. « Si tu continues d’agir comme ça, je ne te connais plus. » Des mots vides, parce qu’elle serait incapable de le rayer de sa vie — mais pour l’instant, c’est la colère qui parle plus que la raison. « Je préfère la compagnie de n’importe qui que de celle d’un Do Hyun fuyant et lâche ! » Elle marque une pause, pendant laquelle elle baisse son bras. « Et si je veux sortir, je n’ai pas besoin de ta permission. Je suis sortie du palais sans que tu le saches plus d’une fois et je peux le refaire quand je veux ! » Le corps à quelques centimètres de celui de Dohyun, elle doit lever la tête pour regarder ses yeux, et pourtant c’est elle qui le met au défi. « Si tu veux jouer au plus têtu, tu es sûr de perdre ! » s’écrie-t-elle, avant de reprendre, encore plus fort : « Alors si t’as quelque chose à dire, crache-le ! ». Et dans sa colère, elle prie pour qu’il dise quelque chose. Pour qu’il ne se contente pas de quitter la pièce, indifférent.

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@khan yeji // fin septembre

Yeji criait dans ses oreilles, obnubilait sa vision, envahissait sa tête. Dohyun savait qu’il avait un comportement d’idiot là, à ne pas être honnête avec la fille qu’il aimait : mais en même temps, il ne pouvait pas se permettre d’être honnête. Qu’est-ce qu’ils allaient devenir, une fois que Dohyun aura admis ses sentiments envers Yeji ? Un couple forcé à être ensemble, avec l’un aimant l’autre à sens unique, et l’autre qui le savait ? C’était une situation beaucoup trop triste, et il ne pouvait pas forcer ça sur Yeji. Alors il se tut, et il s’était préparé à rester silencieux, jusqu’à ce que Yeji prononce les mots de trop. « Et si je veux sortir, je n’ai pas besoin de ta permission. Je suis sortie du palais sans que tu le saches plus d’une fois et je peux le refaire quand je veux ! » Les yeux de Dohyun s’ancrèrent dans ceux de Yeji, la détermination brûlant désormais dans leurs deux paires de pupilles : l’une déterminée à faire parler celui qu’elle aimait, l’un déterminé à rester silencieux. « Les choses ont changé et tu ne sortiras plus jamais d’ici sans que je ne le sache. Tu ne peux de toute façon plus le faire : la sécurité a été renforcée, il te sera impossible de t’échapper d’ici sans mon aide. Toutes ces fois où tu t’es enfuie, tu penses que tu aurais pu le faire si je ne t’avais pas couverte ? » Les mots sortirent malhonnêtes, plus crus qu’il ne l’aurait voulu, mais c’était la colère, la frustration, de toute cette situation, qui parlait à sa place. « Ma priorité depuis que je t’ai rencontrée, c’est ta sécurité. Ton bonheur. Et je n’y renoncerai pour rien au monde. » Autrement dit : je ne parlerai pas, si je risque de briser ton sourire en le faisant.

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@ri dohyun // fin septembre

Les mots de Dohyun la font bouillir. Si elle avait l'espoir que la discussion se passe bien jusqu'à là, si elle pensait qu'il y avait moyen de ne pas être blessée et de ne pas le blesser, tous ces espoirs s'envolent en l'entendant parler. Peut-être qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il dit, mais ça n'a pas d'importance pour elle. Elle est tellement sous le choc de l'entendre prononcer de tels mots qu'elle recule de quelques pas, et un rictus apparaît sur son visage. Elle sent les larmes monter sur son visage mais elle ne sait pas si c'est la tristesse ou la colère, sans doute un mélange des deux. De toutes ses forces, elle empêche les larmes de couler, mais pour être certaine qu'il ne remarque rien, elle lui tourne le dos. « Alors c'est comme ça. » commence-t-elle, et sa voix a baissé d'un ton. « Tu es exactement comme les autres. Tu vas me priver de MA liberté pour ME protéger ! » Finalement, la colère l'emporte sur la tristesse et elle se tourne de nouveau vers lui. « Ecoute-moi bien parler : tu ne pourras JAMAIS me contrôler ! Prive moi de ma liberté et je la volerai, quel qu'en soit le prix. PERSONNE n'a le droit de décider à ma place ! Ni avec qui je vais me marier, ni si j'ai le droit de sortir ou non ! » Elle explose en mille éclats de voix mais quoi qu'elle dise, peu importe combien elle crie, elle n'a pas l'impression d'être soulagée une seule seconde. Sous l'impulsion de la colère, sous l'envie de le blesser autant qu'il l'a blessée, elle saisit la perruque blonde qu'elle avait préparé pour que sa demande paraisse cohérente et la jette au visage de Do Hyun, en sachant de toute façon qu'il n'aura aucun mal à l'éviter s'il le souhaite. « Si tu te souciais VRAIMENT de mon bonheur, tu me donnerais ce dont j'ai besoin, pas ce que TU penses être le mieux pour moi ! Tu es exactement comme les autres, Ri Dohyun ! Tu veux me contrôler et décider sans mon accord quand j'ai le droit ou non de faire les choses ! » Et ce qu'elle crie, c'est vrai pour les sorties dont il veut la priver, mais également pour les fiançailles. Il a décidé qu'il la priverait de sentiments et discussions sincères parce qu'il a décidé à sa place que c'était mieux pour elle de ne pas savoir. Finalement, elle se tourne de nouveau, parce qu'elle ne contrôle plus ses larmes. « Va t-en. » Sa voix est brisée, comme son coeur. Elle aurait accepté de tels mots de la part de n'importe qui, mais pas de Dohyun. Elle pensait sincèrement qu'il la considérait comme une personne ayant le droit de choisir. Pas comme quelqu'un dont il peut contrôler ses sorties et son futur. Ses jambes lâchent sous son poids, sous le poids de sa déception et sa colère, et elle s'accroupit au sol, les mains sur ses yeux pour sécher les larmes qui ne s'arrêtent plus de couler. Elle n'a plus l'énergie pour crier et c'est le bruit de ses sanglots qui résonnent sur les murs, maintenant.

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@khan yeji // fin septembre

Quand Dohyun avait pris Yeji la main dans le sac pour la première fois, il s’était inquiété de savoir si elle était protégée. Ils s’étaient alors légèrement disputés sur ce sujet, mais Dohyun avait vite abandonné, connaissant bien trop la princesse qui ne céderait jamais le goût de la liberté qu’elle avait enfin. Et puis, une vie sans pouvoir maîtriser ses déplacements, il comprenait que c’était difficile, alors malgré ses inquiétudes sur sa sécurité, il avait participé à la laisser partir. Le cœur néanmoins toujours serré quand elle revenait en retard, le sang pulsait fort dans ses veines en attendant son retour. Alors finalement, Dohyun se comportait toujours comme un grand-frère : il la surprotégeait, ne prenait pas en compte ses sentiments. L’erreur de sa vie, sans doute.

Parce qu’en voyant à quel point Yeji était blessée par son comportement, il comprit. Il comprit à quel point il n’aurait jamais dû faire ça ; il n’avait pas pensé que Yeji le prendrait comme ça, alors que c’était évident. Depuis l’attentat, Dohyun se contentait d’imposer ses choix sur Yeji, il ne l’avait jamais laissée choisir. Supposément parce que c’était pour son bien, parce qu’il voulait la voir heureuse : heureuse selon ses termes à lui, encore une fois. Il l’imaginait heureuse dans l’ignorance alors que peut-être, Yeji serait plus heureuse dans le savoir. Immobile, faisant face à la princesse qui lui tournait le dos, il était pétrifié par le bruit des sanglots qu’elle produisait. C’était à cause de lui qu’elle pleurait.

Alors un garde devrait obéir à la personne qu’elle servait, et il devrait s’en aller, comme elle le lui disait. Mais Dohyun laissa tomber son rôle et prit un pas vers Yeji, s’accroupissant derrière elle. « Je suis désolé, Yeji. Je pensais avoir fait tout ça pour te protéger, mais en réalité, c’était moi que je protégeais. Je me tenais loin de toi par égoïsme, parce que je ne voulais pas faire face à mes sentiments. Je suis désolé. Je ne voulais pas te donner l’impression que je voulais te contrôler, je… Je voulais juste que tu sois heureuse. Je... » Il prit une grande inspiration, pour se donner le courage de dire ces mots. « Je ne voulais pas t’alourdir le cœur avec les sentiments que j’éprouve envers toi. Après tout, c’est dur de se marier à quelqu’un qu’on n’aime pas et qui nous aime. C’est dur, ça met dans une situation délicate. Je ne voulais pas te mettre dans cette situation. Je suis désolé aussi, pour l’autre fois, de t’avoir embrassée. Je n’aurais pas dû faire ça, je t’ai imposé mes sentiments. Finalement, je ne fais que t’imposer ce que je veux… Je suis désolé. J’ai trop voulu te protéger et j’en ai oublié que tu n’as jamais été faite pour être protégée. Tu es faite pour être admirée, par ton tempérament de feu et ton amour de la liberté. Je suis désolé de t’avoir privée de toi-même... » Les excuses commençaient à se répéter. Il avait beau avoir dit tout ce qu’il avait sur le cœur, il sentait que son cœur s’était alourdi d’un poids, plutôt qu’allégé. Il resta silencieux quelque secondes, avant de se relever. « Je vais partir, maintenant. J’imagine que tu préfères être seule. »

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@ri dohyun // fin septembre

La jeune femme se perd dans ses larmes, dans ses sanglots. Elle aimerait s’arrêter, parce qu’elle a intensément conscience que les gardes autour de sa chambre doivent l’entendre. Elle a douloureusement conscience que Dohyun aussi est là, l’entend et la voie. Et c’est si humiliant, de fondre en larmes devant lui. Elle a fait tant d’effort pour ne plus avoir l’air d’une enfant, mais elle pleure comme un bébé en plein caprice. Elle fait tant d’effort pour avoir l’air invincible, mais elle s’effondre comme un château de sable balayé par une vague. Au final, elle ne sait même plus pourquoi elle pleure, si c’est à cause des mots de son fiancée, ou de tout ce qui s’est passé ces dernières semaines. Si c’est la colère ou la tristesse, si c’est la frustration ou la fatigue. C’est un mélange de plein de choses et sans doute le jeune homme a t-il seulement été la goûte qui fait déborder le vase, et maintenant l’inondation ne s’arrête plus. Elle pleure, pleure, si fort qu’elle n’entend même pas tout ce qu’il lui dit. Elle parvient à déceler quelques bribes de phrase, des excuses, et elle aimerait avoir la force de calmer ses pleurs, pour pouvoir l’entendre comme il le faut, lui répondre comme il le mérite. Mais ce qu’elle croit comprendre de ce que lui dit le jeune homme ne fait qu’amplifier ses larmes — s’il ne part pas, c’est qu’il tient quand même à elle. S’il s’excuse, c’est qu’il se rend compte de ce qu’il a fait. Et puis, même si elle n’a pas tout entendu, elle a quand même cerner qu’il parlait de ses sentiments pour elle, qu’il a reconnu à demi-mots qu’il l’aimait. Alors à tout son chaos de sentiments s’ajoute le soulagement, un soulagement si intense que les larmes continuent sans cesse de couler. Pour cacher la mocheté que doit être son visage à cause des larmes ((parfaitement consciente que c’est l’homme qu’elle aime qu’elle a en face d’elle)), elle le garde enfouie dans ses bras ; mais elle attrape un pied de Do Hyun quand elle sent qu’il se lève pour partir. « Qui tu es pour décider si je préfère rester seule ou pas » se met-elle à gémir, entre deux larmes, à la façon d’un enfant qui réclame un jouet en plein chagrin. « Et qui tu es pour décider si je t’aime ou non » continue-t-elle de geindre, incalmable.  

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@khan yeji // fin septembre

Dohyun s’immobilisa. Il se tourna vers Yeji, recroquevillée en boule, geignant à la manière d’une enfant. Et il aurait pu s’attarder sur ce détail, plonger dans les souvenirs de la petite princesse à qui il tenait la main et donnait des câlins quand ça n’allait pas, mais ce furent plutôt ses mots qui cognèrent dans son crâne. Si je t’aime ou non ? Le monde de Dohyun s’arrêta. Est-ce que Yeji était en train de dire que… non, quand même pas, ça ne pouvait pas être possible… (et si ?). Le cœur battant fort, il savait pourtant que ce n’était pas le moment, vu les sanglots de Yeji. Alors il s’accroupit à son tour, caressa les cheveux de Yeji dans un geste doux. « Je suis désolé, » murmura-t-il. « Décidément, je n’arrête pas de faire ce que tu n’aimes pas. » Il continua de la calmer silencieusement, écoutant ses sanglots, et même s’il prétendait à une attitude calme et maîtrisée, à l’intérieur de lui, tout était en désordre. Est-ce que Yeji l’aimait en retour ? Si c’était le cas, pendant tout ce temps, il s’était pris la tête pour rien. Il était un idiot ; mais ce n’était rien de nouveau. « Alors Yeji, dis-moi… Qu’est-ce que tu as décidé ? » Décidé de ne pas vouloir rester seule, mais avait-elle décidé de l’aimer, ou de ne pas l’aimer ?