honest talk
@ri dohyun // fin septembre

Il paraît que ce n’est pas bon de prendre sur soi, de réprimer ses larmes, mais Yeji ne sait faire que ça. Les restes d’une éducation qu’elle essaie pourtant de rejeter du mieux qu’elle peut. Reste imperturbable. Ne montre pas que les choses t’atteignent. Au fond, ça a toujours été un échec : elle n’a jamais été du genre à rester calme, mais à la place des larmes, symbole de faiblesse, ce sont les cris qui sortent d’elle. Elle crie quand elle est triste, elle crie quand elle est en colère, elle crie quand elle est perdue. Les larmes n’apparaissent que dans ces moments de plus grande faiblesse, quand les cris ne suffisent plus à la soulager. Alors, les larmes ne s’arrêtent plus, comme maintenant. Dohyun a enfin fait tomber l’armure de chevalier pour se montrer tel qu’il est. La discussion est finalement possible — c’est quand même pour discuter qu’elle l’a appelé ici — mais elle n’arrive plus à se calmer, comme un enfant dont le chagrin ne se calme pas. Quand elle sent la main du garde lui caresser la tête, elle a envie de se blottir contre lui, mais les yeux toujours cachés par ses mains, elle ne sait pas si leur position le permet. « C’est clair ! C’est pour ça que Yesun comprend pas comment je peux t’aimer ! » répond-elle, d’une voix excessivement aiguë et faible, interrompue par les reniflements incessants et étouffée par ses bras. Au bout d’un moment trop long à son goût, les larmes se calment et elle les essuie d’un revers de la main, s’autorise enfin à relever les yeux humides et rouges vers lui. « Décidé quoi ? » demande-t-elle, confuse.

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@ri dohyun // fin septembre

« C’est clair ! C’est pour ça que Yesun comprend pas comment je peux t’aimer ! » Les mouvements de Dohyun s’arrêtèrent. Il lui fallut un moment pour digérer ce qu’il venait d’entendre, ce qu’il allait comprendre. Yeji l’aimait en retour. Il n’éprouvait pas qu’un amour à sens unique envers elle. C’était partagé. Tétanisé, il ne fit qu’entendre les larmes de Yeji se calmer petit à petit, et écouta à peine les paroles qui sortirent de sa bouche. À la place, il se noya dans le regard humide de Yeji, les yeux confus. « Tu m’aimes ? » demanda-t-il. Et d’un coup, il se sentit stupide, bien plus stupide que tout à l’heure. Tout à l’heure, c’était la honte d’avoir osé imposer ses décisions sur Yeji mais maintenant, c’était la honte d’être un idiot qui était doué à remarquer chaque petit détail chez les autres, mais qui avait été incapable de voir que Yeji l’aimait. Désabusé, Dohyun commença à rire, et à rire, à finir en fou rire. Sa main glissa de la tête de Yeji jusqu’à son épaule et il rit, la tête baissée vers le sol. Il rit, parce que la situation lui semblait incroyable : comment avait-il pu être aveugle à ce point ? « Tu m’aimes, et je t’aime... » conclut-il quand ses rires se calmèrent, et il releva le regard amoureux sur Yeji. « Je suis désolé d’être aussi stupide, » dit-il d’un sourire idiot.

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@ri dohyun // fin septembre

Le visage humidifié par les larmes, les yeux rougis par les pleurs, à moitié assise au sol, elle accueille la question du garde en le fixant avec un regard brillant de sidération. Sa bouche s’entre-ouvre et ses sourcils se froncent un peu, l’air de dire il est sérieux ? mais sa stupéfaction est si forte qu’aucun son ne traverse ses lèvres pendant de longues secondes de flottement. Elle le regarde rire, et elle a envie de le suivre, mais a en même temps l’impression de faire face à un fou qui perd la boule, alors, incertaine, elle reste parfaitement immobile, à le scruter. « Tu es sérieux ? » finit-elle par demander, sans rebondir sur ses excuses. « C’est écrit sur mon visage que je t’aime, tout le monde est au courant sauf toi » continue-t-elle, et plus elle parle, moins elle comprend comment il n’a pas pu comprendre avant. « Tu crois vraiment que je t’aurais laissé m’embrasser si je ne t’aimais pas ??? » Sa voix est teintée de stupeur, toute trace de tristesse ou de colère s’en est allée. C’est comme ça avec la princesse, les sentiments la traversent et disparaissent. « Et puis pourquoi est-ce que j’essaierais de te parler depuis des jours si je t’aimais pas ??? J’aurais rompu les fiançailles depuis longtemps ! Moi, khan yeji, me fiancer avec quelqu’un que j’aime pas ??? J’aurais détruit le palais ! » s’exclame-t-elle, en se relevant d’un geste soudain, sa tête baissée vers Dohyun qui est toujours accroupi. « Comment tu peux comprendre que maintenant que je t’aime ? » répète-t-elle, en omettant complètement qu’il lui a aussi dit qu’il l’aimait, pour la première fois.

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@ri dohyun // fin septembre

Yeji avait raison et pourtant, Dohyun n’avait quand même rien vu venir. Il lâcha un rire un peu idiot, la main venant se loger dans sa nuque, soudainement embarrassé (ça ne lui ressemblait pas, de ne pas voir tous ces détails : l’amour l’avait aveuglé au point qu’il ne puisse même pas voir l’amour qui lui était dirigé). « On était un peu saouls, le soir où je t’ai… embrassée. Ce n’était pas parce que tu as accepté de m’embrasser en retour que tu m’aimais forcément, ça a pu être à cause de l’alcool... » se justifia-t-il, se redressant pour être debout face à Yeji. « Et puis, je ne sais pas, j’ai toujours su que tu étais attachée à moi, mais pas… romantiquement. Tu aurais pu accepter ces fiançailles parce que c’est avec quelqu’un qui ne te dérange… pas ? » Plus il parlait et plus il s’enfonçait. Il secoua sa tête et plongea son regard dans celui de Yeji. « Bref, je n’ai jamais pensé être suffisamment bon pour toi, alors je ne me suis jamais dit que tu pouvais aimer quelqu’un comme moi. C’est stupide, je sais, mais c’est peut-être ça, être amoureux. Être stupide. »

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@ri dohyun // fin septembre

Les yeux de la princesse se lèvent vers le plafond. Elle sait qu’il est parfois stupide, mais elle savait pas à quel point ça pouvait être le cas. « Et tu t’es jamais dit que c’était une bonne idée de parler, au lieu de t’imaginer autant de scénarios ! » lui reproche-t-elle, mais elle est si mal placée pour dire de telles choses, elle qui lui court derrière depuis plus de dix ans sans jamais lui avoir déclaré quoi que ce soit. « Je sais pas ce que c’est l’amour, j’ai jamais aimé quelqu’un d’autre », commence-t-elle en haussant les épaules,  « Mais si c’est l’amour qui te rend stupide, ça fait longtemps que t’es amoureux » Sourire taquin sur les lèvres tandis qu’elle lui lance un regard amusé. Il ne comprend sans doute pas que c’est elle, qui l’aime depuis longtemps, mais elle n’a pas envie de lui dire maintenant. Peut-être que ce soir, quand il se couchera et qu’il y repensera, qu’il rejouera tous leurs moments dans sa tête, il réalisera. Ou peut-être qu’elle devra lui dire elle-même, un jour, qu’elle n’a jamais été attachée à lui non romantiquement. « Mon dieu ! » s’exclame-t-elle soudainement, frappée par une réalisation. « Ça veut dire qu’on est ensemble maintenant ? Ça va pas du tout, comment je vais raconter ça à Saem ? J’ai fondu en larmes sur le sol de ma chambre et il m’a dit qu’il m’aimait ?! Je peux déjà l’entendre se moquer de moi d’ici ! » s’écrie-t-elle. « Tout ce temps pour se mettre ensemble et c’est même pas romantique ! » se plaint-elle en se rapprochant de Dohyun pour ramasser la perruque qu’elle avait jetée au sol.

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@ri dohyun // fin septembre

« Tu ne m’as jamais dit que tu m’aimais, non plus... » couina-t-il comme seule maigre défense, mais oui, elle avait raison : il aurait dû parler et lui dire tout ça, pas se créer des scénarios tout seul dans sa tête. Mais ce fut à son tour d’être surpris, les yeux passant de l’étonnement à l’effarement. Il allait répliquer quelque chose, avant de refermer sa bouche, obligé d’admettre l’évidence. « C’est peut-être bien vrai, » fut-il forcé d’admettre. « Mais comment ça, tu… tu n’as aimé que moi ? » Phrase bizarre à dire, maintenant qu’il savait que ses sentiments étaient bel et bien réciproques (et puis, pourquoi faisait-il l’étonné : lui aussi, il n’avait aimé qu’elle de toute sa vie).

Dohyun éclata de rire en la regardant ramasser sa perruque. Les détails insignifiants, évidemment. « Si tu veux, on peut refaire la scène. On peut dire que je suis entré dans ta chambre, qu’on a un peu haussé le ton, et que je t’ai soudainement crié que je t’aimais. C’est plus romantique, non ? Et puis, de toute façon, à part nous deux, personne ne saura jamais la vérité. » Il lui lança un air espiègle, avant de descendre son regard sur la perruque ramassée. « Par contre, pour sortir, c’est toujours non. » Sans se douter qu’elle n’avait pas réellement envie de sortir, Yeji, et que ça n’avait qu’été une excuse pour lui parler.

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@ri dohyun // fin septembre

La perruque blonde en main, Yeji hausse les épaules. « C’était stratégique » confie-t-elle. « Je suis plus jeune que toi et tu me connais depuis qu’on est enfant. Si je me déclarais en premier, il y avait de grande chance pour que tu me prennes pas au sérieux » Elle l’aime depuis suffisamment longtemps pour avoir remarqué que leur relation a commencé à changer il y a seulement quelques semaines, mais reste curieuse du moment précis où il a commencé à l’aimer. « Comment ça, comment ça ? Tu le saurais si j’avais déjà aimé quelqu’un d’autre, je t’en aurais parlé en premier » Elle se met à fuir son regard, s’éloigne de lui pour aller ranger la perruque dans un de ses tiroirs. Lui dire qu’elle l’aime depuis toujours, c’est pas pour aujourd’hui, elle a déjà assez sacrifié sa fierté. « Tu parles, d’ici trois jours, tout le palais est au courant que j’ai pleuré. Je serais surprise que mon frère m’ait pas entendu jusqu’à sa chambre ! » La simple idée de cette possibilité la terrifie. « Peu importe, au pire il pensera que j'ai fait un cauchemar de l'attentat. Puis, notre premier baiser était romantique, ça, déjà, c’est beau. C’est pas grave si notre déclaration l’était pas ! Il suffit que tout le reste le soit ! » s’exclame-t-elle, davantage pour s’en persuader elle-même qu’autre chose. D’un mouvement de main, elle chasse l’idée de la sortie. « Oui oui, je sais. De toute façon même si t’avais dit oui, c’est trop risqué, tu peux pas contrôler la surveillance de tout le parlais dans l’état actuel des choses. Il vaut mieux que j’attende pour sortir, plutôt que sortir de suite et me faire chopper. Si je me fais chopper, je pourrais plus jamais ressortir. Bref, tout ça pour dire que j’ai jamais voulu sortir. Si j’avais dit autre chose tu serais même pas resté quarante secondes dans ma chambre. » Une nouvelle fois, elle s’approche de Dohyun, hyperactive, à bouger dans tous les coins de la pièce alors qu’il reste immobile. « Ça me laisse du temps libre pour trouver la meilleure idée pour notre premier vrai rendez-vous. » dit-elle une fois qu’elle lui fait face, sourire fier sur les livres, tandis que le reste de son visage porte les vestiges de sa crise de larmes.

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@khan yeji // fin septembre

Dohyun aimerait riposter, mais Yeji n’avait pas tort. C’était vrai que si Yeji lui avait dit qu’elle l’aimait, il aurait pris ça comme de la simple affection. En fait, peu importe si Yeji lui avait dit qu’elle l’aimait, avant ou après que Dohyun soit tombé amoureux d’elle : il aurait pris ça de la même manière, il n’aurait pas cru à l’idée que Yeji soit réellement amoureuse de lui. Le problème n’était pas qui aurait dû le dire en premier, le problème était que même si elle avait communiqué, Dohyun n’aurait pas compris. « Tu m’aurais tout dit, même tes problèmes de cœur ? » répondit Dohyun avec un sourire niais. Il trouvait ça mignon, l’idée que Yeji aurait accouru vers lui, les joues rouges, à l’idée qu’il y avait un garçon qui lui plaisait (il la chérissait tellement que la voir heureuse avec quelqu’un d’autre lui aurait juste un peu brisé le cœur, mais il aurait été sincèrement ravi pour sa princesse).

Immobile, Dohyun regarda Yeji bouger dans tous les sens, ses mots se répercutant sur chaque paroi de la salle, le moulin à paroles ne s’arrêtant jamais. À la fin de son longue monologue, Dohyun éclata de rire. Il s’approcha ensuite d’elle, et plaça ses mains sur les joues de Yeji, le regard amoureux dévoilé. « Alors je te laisse réfléchir à notre premier rendez-vous pour qu’il soit parfait comme tu le veux, princesse. » Il sourit légèrement. « Je dois retourner travailler. Appelle-moi quand tu veux, je serai là pour toi. » Il déposa un baiser sur son front et lui lança un dernier sourire avant de partir de la chambre, fermant soigneusement la porte derrière lui.