Il aurait dû faire le ménage.
Yuchan jeta un regard nerveux au petit salon-cuisine où tout était plus ou moins propre et rangé, mais où il lui semblait voir pleins de choses à cacher. Le sol ne lui semblait pas assez propre, et il traînait encore un paquet de chips abandonné sur un petit placard. Sans compter qu'il y avait encore les couverts sales d'il y a deux jours dans l'évier, parce que jusque là il avait eu la flemme absolu de faire la vaisselle. En somme, il avait l'impression d'emmener Ja dans une porcherie.
Il avait proposé au garçon d'habiter chez lui sans trop réfléchir, lui avait trouvé à la hâte un travail, mais maintenant qu'il se rendait vraiment compte de ce qu'il avait fait, plus rien n'allait. Il n'était pas une bonne influence. Ja était jeune, il n'avait pas encore ses dix-neuf ans, ce n'était donc encore qu'un enfant. Un enfant avait besoin de stabilité, et de bons modèles. Est-ce que ça voulait dire que maintenant il devait se nourrir correctement ? Faire sans faute la vaisselle tous les soirs ? Et si Sunwoo apprenait qu'il logeait quelqu'un, est-ce qu'il allait être fâché ? Il n'avait déjà que peu compris ses mots et changements d'expression dès qu'il lui parlait de Dojun, le garçon perdu des jardins, parce qu'il ne lui semblait pourtant pas que l'existence du petit ancien noble aurait irrité le prince. A vrai dire, si l'individu n'était ni dans la ligne de succession, ni allié à un des héritiers, pourquoi est-ce qu'il réagirait mal ? Il ne le comprenait vraiment pas. Et même en étant plongé dans l'incompréhension, ça ne l'empêchait pas de redouter qu'il désapprouve de la présence de Ja, ou, pire, qu'il aille un jour lui dire quoi que ce soit de déplacé. Ja était un enfant, il ne fallait pas le brusquer plus que ça.
Plus que tout, Yuchan était soucieux du bien-être de ce garçon qu'il ne connaissait qu'à peine. Ça avait été plus fort que lui... Dès qu'il l'avait croisé et avait appris qu'il était un orphelin à la rue, il avait insisté pour le ramener avec lui. Il était bien trop détaché de sa propre personne pour comprendre le désespoir qui l'avait rongé à l'idée de ne pas pouvoir aider Ja, mais ce qui semblait évident, c'était qu'ils partageaient quelques expériences qui faisaient qu'il ne pouvait qu'avoir de l'empathie pour lui. Il était bien trop au courant de ce que c'était d'être un enfant qui n'avait nul part où aller, qui n'appartenait à rien, qui avait faim et froid... Fermer les yeux sur la situation avait été impossible, et il avait voulu faire de son mieux pour le sortir de là.
"Désolé pour le bazar hum... Généralement je pourrai te faire à manger en rentrant du travail, mais si je ne rentre pas à l'heure, tu penses pouvoir te débrouiller ?" demanda t-il, un peu inquiet à l'idée que l'adolescent meurt de faim tout seul si jamais il restait un peu plus que prévu avec Sunwoo. C'était important de bien manger, surtout pour les enfants. Enfin, il avait lu ça dans le métro sur Internet sur un site de jeunes parents, sans vraiment faire attention au fait que la plupart des conseils étaient pour des enfants bien plus petits que Ja. Ce n'était pas comme s'il s'y connaissait tant que ça en humains de toute façon...
Et puis, il s'était perdu à fixer l'étagère de livres en face. Y avait il un ouvrage qui puisse intéresser et être adapté à Ja ? Il se souvenait que quand il était arrivé à cet endroit, il n'avait rien eu à lire qui soit de son âge, qu'il n'avait eu qu'un livre de botanique à feuilleter, et il se demandait maintenant si c'était sain. Et si le jeune garçon voulait lire des choses plus de son âge et de son temps ? Des livres de fiction ? Il n'avait pas du tout ça. Et puis, il devait vérifier qu'il n'y avait pas de scènes violentes ! Il avait bien eu un mauvais livre entre les mains à onze ans. Il avait volé un roman à une femme de ménage, et avait fini plus ou moins traumatisé après une scène un peu trop gore pour un marmot de son âge. Il n'avait pas de télévision non plus. Il avait lu sur Internet que regarder trop de dessins-animés pouvait aussi être mauvais pour les enfants, alors peut-être que ce n'était pas un mal...? Ah, qu'est ce que les enfants de cet âge regardaient ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il n'avait lui-même jamais regardé de dessin-animé. Et peut-être que c'était aussi le cas pour Ja ? Combien de temps avait il vécu tout seul sans domicile fixe..?
Il fronça les sourcils, et sans rien expliquer, alla ouvrir la porte de cette pièce qu'il n'avait jamais utilisé. "Une chambre d'ami", qu'on lui avait dit, mais il n'avait jamais eu d'ami à inviter. C'était même incertain si Yuchan savait ce qu'était un ami. Il y avait déjà un lit avec des draps propres et un petite table de chevet. Les murs étaient blancs, vierges de toute décorations. "C'est ta chambre. Tu peux y mettre ce que tu veux, c'est chez toi," déclara t-il d'une manière un peu trop professionnel qui faisait plus penser à un agent immobilier faisant visiter la maison au nouveau propriétaire qu'autre chose. Il enchaîna aussitôt, craignant d'avoir l'air trop froid, "Je veux dire, c'est ta maison. C'est chez toi maintenant. Si tu es toujours d'accord..."
Il cligna plusieurs fois des yeux d'une manière presque théâtrale, avant de se perdre à nouveau dans ses pensées. Il avait lu qu'il fallait fixer des heures de coucher pour les enfants, pour qu'ils restent en bonne santé. Il avait lu quelque chose comme quoi les enfants dormaient plus que les adultes... "Il faudra toutefois te coucher tôt le soir pour être en forme le lendemain. Le sommeil est important, surtout pour les enfants." L'enfant en question n'ayant environ que deux ans de différence avec lui.

Debout au beau milieu de cet endroit qu’il découvre pour la première fois, les bras croisés entourant sa taille, le jeune homme ne sait pas quoi dire. Son cœur bat à fond sous sa poitrine et il a peur de trop en faire, de trop en dire. Sa gorge est serrée et, déjà, les larmes s’abritent sous la tonnelle de ses paupières. Ja, il ne voit pas le prétendu désordre de Yuchan. Ja, il ressent juste la chaleur de cet appartement, celle de son interlocuteur qui lui a dit de venir chez lui. Une main tendue devant lui, dans le brouillard. Ja a hésité avant de saisir ces doigts, effrayé de les voir noircir par sa faute. Ja, il sait qu’il n’est qu’un gamin illettré dont plus personne n’a envie de se préoccuper. Pourtant, lui, il a peut-être encore cette lueur au fond des yeux. Bien cachée. Yuchan l’a-t-il remarquée ?

Ja s’avance un peu, juste assez pour qu’on puisse fermer la porte derrière lui. Acquiesce aux paroles de Yuchan avec énergie. Oui, se préparer de quoi manger, il devrait y arriver. Il s’est déchaussé, exhibe avec honte ces vieilles chaussettes grises, trouées par endroit. Il se mord la lèvre, baisse les prunelles, honteux. Yuchan semble différent de tous ces gens qui n’ont de cesse de se moquer de lui. De le montrer du doigt en s’exclamant qu’il n’est qu’un enfant des rues parmi tellement d’autres. Néanmoins, cela n’a pas toujours été le cas ; c’est peut-être ça qui est le plus douloureux à porter. Alors malgré sa taille, Ja a la silhouette un peu penchée – abîmée. Il tente de se faire le plus petit possible pour que personne ne puisse se soucier de lui. Parce que lorsqu’ils s’en soucient, c’est pour être mauvais. Ja se dandine doucement, d’un pied sur l’autre. Pour se rassurer. Un peu.

Le silence s’étire entre eux tandis que son aîné se dirige vers sa bibliothèque. Timide, Ja se permet de reporter son attention dans son dos, l’observe analyser ses livres sans comprendre ce qu’il cherche lui-même à comprendre, et déporte ses pupilles sur l’environnement duquel il fait progressivement parti. N’est-il pas en train de jurer avec le décor ? N’est-il pas qu’un enfant crasseux, odorant, qui empli avec sauvagerie cet intérieur agréable ? Il tord ses doigts les uns entre les autres à l’instant où Yuchan se remet à bouger, ouvre une nouvelle porte et fait exploser les vannes dans les iris du cadet. Les sanglots secouent le dos de Ja qui plaque une main sur sa bouche pour tenter de les contenir. Ses épaules tressautent, supportant encore son unique sac à dos qui contient ses maigres affaires. Yuchan l’ignore peut-être, mais il lui offre la possibilité de renaître pour de vrai.

Au cours des semaines qui ont suivi la disparition de ses parents, Ja est devenu quelqu’un d’autre. Il a essayé de construire ses propres barrières, de s’endurcir de la vie, afin de ne pas se faire marcher sur les pieds. De caractère doux, le jeune homme a dû apprendre à s’imposer et cela n’a pas été aisé. Il a dû se débrouiller seul. Pour tout. Et aujourd’hui, face à cette chambre qu’on lui propose, il est incapable de faire face à autant de bienveillance depuis des mois entiers. « J-je suis désolé… » Il balbutie entre ses larmes. Les essuie avec la manche de sa veste. Elle ne peut pas être plus souillée qu’elle ne l’est déjà. « Yu-Yuchan… » Les mots emplissent sa gorge, la rende pâteuse derrière ces litres d’eau salées qui creusent des sillons sur son visage sale. Ja renifle, se redresse un peu avant de se courber devant celui qu’il qualifie vraiment de sauveur. « Je ne sais pas comment te remercier. Je… je ne mérite pas ta générosité. » Alors il doute, Ja. Voit d’autres larmes s’écraser à ses pieds. Peut-il imposer sa présence à cet homme qui lui a déjà montré qu’il existait toujours ? Il lui est infiniment reconnaissant. N’ose pourtant pas encore entrer dans cette chambre.

Son buste revient à sa hauteur et il croise doucement le regard de son aîné. Ja est mal à l’aise, ne sait pas tellement comment réagir. « O-oui, d’accord. C’est promis, je… je ne ferais pas de bruit, Yuchan ! » Il s’exclame, peut-être avec plus de force qu’il ne l’aurait pensé, appuie sur ces paroles avec la frayeur de se faire rejeter encore. Il ne prendra pas beaucoup de place. Il peut même dormir dans le salon, par terre, ou dans la salle de bain. Les larmes ne tarissent pas, bien qu’elles soient désormais silencieuses sur ses pommettes. « Je peux travailler, je peux faire le ménage, m’occuper des poussières et des repas. Je sais me rendre utile, je te le promets, Yuchan. » Parce qu’il y a toujours une contrepartie, n’est-ce pas ? Rien n’est jamais vraiment gratuit et, du haut de ses dix-huit pétales, Ja a déjà vu l’envers du décor.

Yuchan n'avait jamais été doué avec les autres humains. A vrai dire, il n'avait simplement pas eu le temps ni l'opportunité de véritablement interagir avec un panel assez large d'individus pour déplacer certaines de ses habiletés sociales. Il était socialement maladroit et émotionnellement complètement immature. La première partie de sa vie n'avait consisté qu'à être assez sauvage pour ne finir ni dévoré ni en cage, la seconde avait uniquement tourné auprès d'une unique personne qui de toute évidence avait toujours vécu dans un univers à des océans entier de ce qu'il avait jusque là connu. Il avait étouffé son instinct de survie, le tempérament qui l'avait poussé à mordre la première main lui étant présentée, s'était plié aux exigences pour ne devenir qu'une stupide marionnette sans réelle volonté. Ce n'était plus comme s'il avait la moindre idée de qui il était, comme s'il arrivait de toute manière à articuler ses pensées ou décoder ce qu'il pouvait ressentir... Balloté entre les rues puis un véritable palais royal, il n'avait pas connu la mesure, de juste milieu, ni de vraies nuances. De toute évidence, prendre soin d'un enfant n'était pas dans ses aptitudes. Inviter le dit enfant à vivre avec lui, lui trouver un travail, ça lui aurait semblé stupide auparavant, et même maintenant qu'il avait ce petit être tremblant juste à ses côtés, il peinait toujours à vraiment comprendre ce qui l'avait pris. Des actions aussi impulsives ne lui ressemblaient pas, ou du moins, pas à ce qu'il était alors sensé être. Mais la preuve qu'il ne se comprenait lui-même définitivement pas était sous ses yeux, et ce n'était pas comme s'il pouvait revenir en arrière.
Plus inquiétant, son désir d'aider Ja n'avait été qu'un désespéré cri du cœur, quelque chose qu'il ne se savait pas avoir. Il n'avait prêté allégeance qu'à une seule et unique personne, il ne s'était attaché qu'à ce même individu, et c'était alors la seule existence qui l'avait véritablement tourmenté. Que ça soit les malheurs ou les petits bonheurs de Sunwoo, au fond il lui avait semblé évident qu'en toutes situations, il serait toujours son ultime priorité, la seule personne pour laquelle il donnerait sa vie. Mais à peine avait il posé son regard sur ce frêle adolescent abandonné seul grelotant, il n'avait pu détaché sa pensée de son existence. Est-ce qu'il allait survivre ? Est-ce qu'il était malheureux ? Serait il seulement d'accord qu'il lui propose son aide ? Ce qu'il avait ressentit à son égard, il ne pouvait pas l'expliquer. Quand il avait rencontré Ja, il avait juste sut qu'il voulait protéger cet enfant du monde, qu'il allait le faire même si Sunwoo (Sunwoo !) désapprouvait. En réalité, avant d'arriver devant la petite maison, il n'avait même pas pensé à ce que pourrait en penser le prince, s'étant retrouvé mortifié en se rendant compte de la chose. Mais Ja, Ja c'était autre chose. C'était le petit frère qu'il n'avait jamais eu, probablement, même s'il ne comprenait en rien le simple concept d'une famille, qu'il ne savait ni ce qu'était une mère, et encore moins un frère, car le mot ne lui venait même pas en tête.
Désarmé face à la réaction de l'enfant, il ne sut ni quoi dire, ni quoi faire en voyant les larmes dévaler ses joues encore rondes de gamin qui n'avait pas tout à fait terminer de grandir. Il ignorait comment le réconforter. Il n'en avait pas la moindre idée. Si ça avait été Sunwoo, il aurait probablement sut quels mots choisir, mais la réalité le frappait à nouveau en lui montrant qu'à cet instant, il était juste ignorant. Ja avait l'âge de Suran, mais il lui avait toujours semblé que seulement obéir aux ordres de la princesse allait tout arranger, qu'au final avec elle les choses avaient été faciles. Mais Ja, ce n'était pas comme s'il allait demander quoi que ce soit, comme s'il oserait donner la moindre indication, comme s'il allait exprimer ce qu'il voulait... Ja c'était un gamin des rues qui savait déjà que pour les gens comme eux, il était préférable de simplement se taire.
Le serviteur était donc resté figé, confus, à regarder le plus jeune essayer d'essuyer ses larmes avec les manches sales de sa veste, reniflant, balbutiant des excuses, prononçant son nom sans arriver en premier lieu à formuler quoi que ce soit d'autre... Qu'est ce que Yuchan pouvait seulement faire pour apaiser ce pauvre enfant ? Et ce n'était pas comme si sa confusion avait atteint son pic, voyant Ja ensuite se courber devant lui. Devant lui ? Oh, personne ne lui avait jamais fait ce coup là, et tout ce qui circulait dans son esprit trop vide était probablement une suite de points d'interrogations. Il n'était personne, ça lui semblait indécent de s'abaisser plus bas que lui. "Dans ce cas ne me remercie pas. Je ne comprends même pas tout à fait pourquoi j'ai fait ça. Pense pas que ta nouvelle situation est un cadeau," lui lança t-il d'une manière plus sévère qu'il l'aurait voulu. Il ne savait pas s'exprimer, il ne pouvait traduire le contenu de son cœur. Il ne savait pas non plus s'ouvrir, continuant à apparaître apathique malgré le capharnaüm par delà ses paupières.
Tout ce qu'avait trouvé à dire le plus âgé, c'était ensuite que Ja devrait se coucher tôt pour être en forme, soucieux que l'enfant ait un sommeil nécessaire lui permettant d'appréhender au mieux ses journées. Mais dans le regard trop sincère et bruyant de l'adolescent face à lui, dans ses mots, il avait le sentiment que de toute évidence, aucun des deux ne comprenait l'autre. Ja ne voulait pas faire de bruits, il n'allait pas faire de bruit, il pensait sûrement qu'il en avait quoi que ce soit à faire... Et le petit continuait à pleurer, cette fois silencieusement, enchaînant en assurant qu'il était prêt à travailler, faire le ménage, faire le repas, des choses qu'il avait lus ne devaient pas être les affaires des enfants. Il était quand même plus âgé, et majeur, de surcroît ! C'était son rôle de s'occuper de lui ! "Si tu touches au balai ou à une casserole une fois avant que je revienne, ça ne va pas marcher. Tu es un enfant, tu as bien d'autres choses à faire ? Enfin, je ne sais pas vraiment ce que font les enfants, mais tu ne dois plus travailler d'une quelconque manière en rentrant du palais. J'ai lu que faire travailler quelqu'un d'aussi jeune était déjà très difficile, et puis, tu ne veux pas étudier ? Je pourrai t'acheter des livres." Même si encore une fois il n'avait pas la moindre idée de quel type de livres acheter. Et en toute honnêteté, si on le laissait en liberté dans une boutique chercher des manuels scolaires, il serait tout à fait du genre à prendre des choses qui étaient faîtes pour des personnes bien plus jeunes que Ja. Il serait capable de lui ramener un livre de coloriage et des crayons de couleur sans même comprendre à quel point il infantilisait terriblement son petit protégé.
Et puis, maintenant qu'il y pensait, il devrait aussi lui acheter des vêtements. Mais qu'est ce qui était convenable pour un garçon de l'âge de Ja ? Et puis... Enfin, il n'avait jamais vraiment fait les boutiques de vêtement, s'étant contenté des vêtements qu'on lui avait donnés en arrivant jusqu'à ce qu'ils soient ridiculement petits, puis ayant commandé le reste sur Internet dans des tailles souvent bien trop grandes pour lui. En somme, il n'était pas vraiment quelqu'un de fiable pour ce genre d'actions... Il fronça les sourcils, pensif, comparant la différence de taille entre le gamin et lui, presque satisfait en se disant qu'au final, ils pourraient bien partager le temps de refaire la garde de robe de l'enfant. "Pour l'instant tu peux emprunter certains de mes vêtements, on doit faire à peu près la même taille. Je te donnerai de l'argent pour t'acheter de quoi t'habiller pour quand tu auras assez de temps libre pour aller en chercher, considérant à nouveau la pièce à moitié vide qui allait servir de chambre pour l'adolescent, il ajouta ensuite, Tu auras bientôt une commode pour ranger tes affaires. Si tu as besoin de quoi que ce soit d'autre, juste dis le moi." Et il déblatérait le tout toujours sur un ton extrêmement froid et impersonnel, presque distrait, ce qui tranchait probablement avec le reste de son comportement. Une autre raison qui faisait qu'il se disait qu'il était probablement une mauvaise influence pour le petit. Il n'était pas sûr de pouvoir lui trouver des amis non plus, il n'en avait pas lui-même, alors présenter Ja à des personnes d'à peu près son âge... Pourtant, il était hors de question qu'il le laisse être tout seul, et qu'il devienne d'une quelconque manière associable ! Et puis, il y avait d'autres problèmes majeurs...
"Je ne sais pas si je pourrai vraiment veiller sur toi au palais, mais si de quelconques ragots tournent à ton sujet, je m'arrangerai pour que cela cesse, suggéra t-il, toujours sourcils froncés, fixant une ombre invisible dans le vide du salon-cuisine, Tache toutefois d'éviter certaines personnes. Le prince Bohyun est peu recommandable, et je ne sais pas vraiment encore ce que le prince Sunwoo penserait de... C'est une bonne personne, je crois... Mais je ne veux pas le blesser." Sur ces derniers mots, il parut presque triste. Vexer ou blesser Sunwoo lui était insupportable. Il ne comprenait même pas le non-sens derrière ses propres mots, se disant simplement qu'il était probablement préférable que Ja se tienne loin du prince. Si celui-ci avait paru irrité en apprenant pour Dojun, il craignait ce qu'il pourrait songer de la présence de Ja. Il ne comprenait pas l'irritation de son aîné, mais ça ne l'empêchait pas de grandement s'en inquiéter. Et de la même manière, il avait en quelques sorte peur que Sunwoo effraie Ja, doutant que les deux se comprennent. Pas qu'il pensait l'homme qu'il servait pourvu de mauvaises intentions, parce qu'après tout, il était son tout, sa lumière, son phare, mais il se disait que beaucoup ne le comprenaient pas.