devant elle, une statue, l'allure un peu étrange, façonnée de cuillères, fourchettes et couteaux, fondus entre eux et pliés contre leur gré. aeri est stoïque devant l'oeuvre d'art et ose hautainement penser que ses oeuvres auraient pu venir décorer l'endroit si cette sculpture est acceptée. ce soir, elle a cette allure confiante, baignée dans son élément — l'art. derrière, les faux amateurs braillant leur vision erronée des tableaux, sculptures et merveilles sous leurs yeux. sa contemplation solitaire est rapidement interrompu alors qu'une silhouette féminine s'arrête à côté d'elle. yisu. if it isn't your highness, prononce-t-elle ironiquement, amusée de croiser un membre de la famille royale dans une soirée plutôt démocrate. here to admire the art? or to listen to the gossips? parce que ce n'est pas passé inaperçu à ses oreilles, aeri les a entendu ces non-dits étonnants. if you're looking for rise, i have no idea where she is. et même si elle savait, le dirait-elle pour autant ?

après l'attentat, la princesse s'était tenue loin des affaires politiques du pays, sur ordre de son père. allant en cours, rentrant, sortant en soirée, discrètement. mais c'en était fini de l'ombre. plus d'un mois s'était passé, et elle s'autorisait cette sortie publique, à l'occasion des nuits de la culture organisées par les démocrates. les oeuvres défilent devant ses yeux las, ne trouvant pas grand chose d'exceptionnel à ces traits dessinés dans tous les sens, de ces couleurs dissonantes. peut-être devrait-elle ignorer les toiles accrochées à ces murs temporaires pour aller directement au concert, ou faire quelques achats. mais son regard s'accroche déjà à une silhouette familière, s'approchant d'elle doucement, un sourire en coin se dessinant sur son visage. hello to you too, aeri. répond elle, sans même la regarder. mostly the gossips. don't really care about ... whatever this is supposed to be. yisu penche sa tête pour tenter de mettre un sens à l'insensé. didn't peg you to be interested in those kind of things. sa bouche forme une moue qui disparaît instantanément quand aeri prononce le nom de sa colocataire. i'm not looking for her. dit-elle simplement, presque trop sèchement pour que cela paraisse innocent.

de rebonds en rebonds, junho s'est retrouvé à cette fameuse soirée de la culture. autant dire qu'il n'y était pas par plaisir, car lui et l'art ça faisait mille. autant il aimait bien admirer des peintures ou des sculptures qui ressemblaient pour le coup à quelque chose de réel, autant il était dépassé par ses "oeuvres" plus que difformes. dans un costard simple et d'une oreillette discrète, la brigade royale veillait au grain. inutile de dire qu'on voulait éviter un autre attentat alors que les démocrates en avaient pris plein la tête etc. il aperçoit la princesse yisu et une autre demoiselle. il ne fait qu'observer, ne tenant pas à être un garde du corps encombrant. mais après tout, il n'était pas garde du corps pour elle particulièrement. en attendant, il arpente les allées, s'arrête pour regarder les alentours.

aeri hausse les sourcils, surprise pas la réponse de la princesse mais elle ne dit rien, se contente d'hocher de la tête. i'm an artist, qu'elle lâche, étonnée que yisu ne l'ai jamais remarqué lors de leurs rares rencontres (qui se comptent sur les doigts d'une main) où elle arborait sur ses doigts et parfois ses vêtements mille et une couleurs. i paint, conclut-elle dans un murmure. and you, i thought the royal family would be more sensible to arts. elle avait toujours imaginé une éducation riche et variée, mélangeant la culture et les manières. if you're not looking for rise, your highness, then why are you here? son next to me reste silencieux. rise ; le seul lien de gravité qui attire les jeunes femmes l'une vers l'autre. so. are the gossips true? questionne-t-elle, daignant enfin établir un contact visuel avec yisu. question ironique, aeri sait que les rumeurs sont trop grotesques pour être vraies, mais le doute subsiste inconsciemment.

elle n'a qu'à se retourner pour voir la silhouette du garde qui l'accompagne - lui qui ne devait pas être des plus heureux de devoir la suivre ici. mais yisu est bien trop occupée par la vue du tableau, ces formes incompréhensibles et la voix mélodieuse d'aeri. sure you are. ne remettant que légèrement en question ses capacités. à vrai dire, elle s'en doutait peut-être, mais elle n'avait que peu fait attention à la quasi-inconnue jusqu'à présent. i am an art lover, as one might say. i do take pleasure in beautiful things. la fin sonne comme un rictus, douce ironie qui s'échappe de ses lippes empoisonnées. i am here to enjoy what our great people has to offer. it is my duty to be here for the country, even in its darkest days, isn't it ? fausse patriote se réveille alors que son ton dégouline de théâtralité qui pourrait se corrompre pour des mensonges. alors elle se tourne vers aeri, pour enfin la regarder. grande première. regard neutre, les muscles de son visage paraissent figés un instant, mais son éternel sourire en coin ne met que peu de temps avant de revenir hanter ses traits.they might be. not that it's any of your business.

La soirée allait être longue. Du moins, c'était ce à quoi s'était attendu Yuchan quand Sunwoo lui avait ordonné de se rendre à cette fameuse "nuit de la culture" afin d'écouter ce qui pourrait se dire entre les participant. Par loyauté envers le prince, il était bien évidemment aller faire son job, déterminé à mener sa mission à bien et traîner jusqu'à la fermeture de l'exposition... Mais c'était sans s'attendre à trouver l'évènement lui-même intéressant.
Circulant entre les œuvres, tournant et virant pour relire des descriptions, détaillant du regard avec un émerveillement enfantin certains tableaux, il se surpris à apprécier ce moment de liberté à des lieux du palais dans un univers qui lui était tout à fait étranger. Il fallait dire qu'il n'avait jamais songé à aller voir une exposition avant, trop occupé entre son travail, son violon et ses plantes.
Tendre l'oreille pour glaner les derniers ragots lors des représentations musicales n'était pas bien difficile quand on n'était qu'un inconnu perdu dans la foule. A vrai dire, ses seules inquiétudes ne pouvaient venir que de la possibilité que des gens du palais se tiennent quelques part par ici. Et même si c'était le cas, n'était il pas seulement qu'un énième serviteur à fureter dès qu'on lui en donnait l'occasion ?
Ce n'est que quand son regard accrocha quelques part la silhouette de Khan Yisu, la soeur de Sunwoo, qu'il décida de se diriger dans la direction opposé, se trouvant bien arrangé qu'elle soit occupée à discuter avec une jeune inconnue. Malheureusement, en allant dans cette autre direction, il ne tarda pas à tomber sur ni plus ni moins que le lieutenant de la brigade royale... Il se renfrogna aussitôt, allant bouder devant une oeuvre au hasard dans l'espoir de passer une nouvelle fois inaperçu.

un rictus lui sert de réponse — elle ne s'attend pas à ce que yisu la reconnaisse dans sa profession ; elle sait que la princesse croit être mieux que les gens du bas-peuple. beauty is subjective, réprimande-t-elle légèrement. la beauté n'est que la perception sociale de ce que l'on nous inculque. beauty is in the eye of the beholder, your highness. art can be ugly and beautiful. its purpose is to make you feel things, c'est dans un murmure qu'elle termine sa phrase. elle ne s'attend pas à ce que yisu comprenne — la royauté est l'empreinte même de la superficialité et aimer l'art considéré comme magnifique n'est pas une surprise venant de la princesse. your duty... elle marque une courte pause, ses yeux se perdant sur la silhouette d'un des gardes du corps de la famille royale et d'un autre jeune homme s'enfuyant presque à la vue de ce dernier. do you even do what you want to do? or is your duty the only matter in your life? elle est presque peinée pour elle ; mais l'émotion est vite réprimée lorsque yisu lance ce doute grossier entre elles. i would not want to play with fire here, princess, hisse-t-elle entre ses dents. here, you're surrounded by people who are wary of your family. you included. les événements récents n'ont fait qu'accroître les tensions en dehors du palais. ici, yisu est entourée de démocrates ; sa présence même est aussi répudiée que désirable.

saem est peut-être plus que fier d’avoir été un des premiers invités à se représenter pour les nuits de la culture. de toute façon, il se serait probablement forcé au paysage culturel qu’on veuille de lui ou non. ils viennent de finir leur premier set et ont quelques minutes de pause. pour changer, ils ont cette fois-ci une invité, minji, mais saem est le genre de personne qui aime le changement (au détriment de tout son entourage). « ça va, tu es prête, pas trop stressée ? » alors qu’il revient aux loges, vers elle.

outfit ☾ Elle tourne en rond, maintenant qu'elle est prête, maintenant qu'elle entend le monde dehors et son tour de monter sur scène. Ce n'est pas dans ces habitudes de se produire vocalement, mais elle a rejoint saem, moyen de mettre en avant la collaboration entre elle et son groupe, moyen de promouvoir ce qu'elle pense en chanson. Mais elle stresse, incapable de ne pas penser au fait qu'elle chante en public pour la première fois. « T'es certain qu'ils vont pas trouver que je chantes comme une casserole ? » Inquiète la belle blonde, stressée, la seule chose qui l'empêche de ronger ces ongles, c'est la manucure faite pour l'occasion.  « Comment tu fais pour ne pas mourir de peur à chaque fois ? L'attente, le regard des autres... Je te respecte vraiment Saem ! » Parce que elle qui aimait plus que tout les murs de son chez elle se liquéfiait sur place alors que déjà on les appelle sur scène de nouveau, le groupe s'étant changé alors qu'elle parlait comme une pipelette angoissée.